Décidément, la proposition de loi (PPL) du député socialiste Guillaume Garot sur l’accès aux soins, en cours d’examen, n’en finit pas de réserver des surprises. Et cette fois, c’est carrément le dispositif du médecin traitant qui est visé par des élus de la droite républicaine.
Créé en août 2004 à la faveur de la réforme de l’Assurance-maladie, puis dans la convention de 2005 qui a mis en place le nouveau parcours de soins, ce dispositif du médecin traitant (qui avait succédé au médecin référent) est attaqué indirectement par un amendement de sept députés des Républicains dans le cadre de la proposition de loi.
De manière insidieuse, l’amendement propose en effet la remise d'un rapport du gouvernement portant sur la « suppression du médecin traitant ou du médecin référent », dans un délai de six mois à compter de la promulgation de la loi. Pour quoi faire ? « À l'heure où la désertification médicale nous oblige à refonder le contrat entre les médecins et les usagers, il est temps de trouver de nouvelles initiatives pour permettre à tous de pouvoir se soigner », défendent les élus. Autrement dit, puisque des millions de Français n’ont pas accès à ce généraliste traitant, autant envisager de le supprimer…
Pour les signataires de l’amendement, l’objectif de ce rapport serait plutôt de formuler des propositions pour « améliorer » ces dispositifs d’« abonnement » à un généraliste « dont six millions de personnes sont désormais exclues en France » dont « 600 000 atteints d'une ALD ». Entre 2017 et 2021, le nombre de généralistes par habitant et par département a diminué de 1 %, explique encore le groupe de députés LR. Il s’agit donc de trouver des solutions plus efficaces « pour remédier à la pénurie de médecins généralistes », résume encore l’exposé des motifs.
Ce sera open bar… Le patient consultera qui il veut, sans aucun suivi
Dr Jean-Christophe Nogrette, secrétaire général adjoint de MG France
Alors que la profession est déjà vent debout contre l’adoption de l’article 1 de la PPL Garot visant à réguler l’installation dans les zones surdotées, cette nouvelle offensive parlementaire fait bondir MG France, qui porte le combat pour la revalorisation du médecin traitant. « Cela n’a aucun sens, s’étrangle le Dr Jean-Christophe Nogrette, secrétaire général adjoint du syndicat de généralistes. On n'a pas assez de médecins traitants, alors supprimons-le ? ! ». Le généraliste rappelle que, malgré la pénurie médicale, « 90 % des Français ont un généraliste traitant et 95 % des patients en ALD ». « En deux ans, précise-t-il, nous avons fait un effort considérable pour prendre en charge les patients en ALD sans médecin traitant », un résultat que revendique également la Cnam.
Le cadre de MG France met en garde le gouvernement sur les conséquences « désastreuses » qu’aurait la suppression du médecin traitant sur le suivi et la qualité des soins. « Ce sera open bar… Le patient consultera qui il veut, sans aucun suivi. Or, des études suédoises, britanniques et américaines ont démontré que le suivi médical par le même médecin pendant toute votre vie permet d’augmenter l'espérance de vie en bonne santé tout en diminuant le coût des soins », explique le Dr Nogrette. À rebours de cette proposition « électoraliste », MG France appelle l’État à investir pour… renforcer l'attractivité du généraliste traitant.
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