Taux insuffisant
Le taux de reprise du travail après un accident cardiaque reste insuffisant et seulement 70 % des patients reprennent leurs activités professionnelles ; quant au délai de reprise il est généralement trop tardif. Cela s’explique par le fait que les facteurs psychosociaux professionnels continuent d’avoir plus de poids que les facteurs médicaux (80 % vs 20 %).
Il est désormais reconnu que la réadaptation cardiaque améliore le taux de reprise et le maintien au travail, particulièrement grâce à une prise en charge psychologique et à une information précoce du patient et de l’entourage, à des séances d’ergothérapie pour les travaux manuels. À l’issue de cette réadaptation un état des lieux doit être fait pour le médecin du travail. Le patient « idéal » aura été pris en charge précocement, aura séjourné brièvement en service de cardiologie médicale ou chirurgicale et aura suivi une réadaptation dans un service spécialisé « performant ». Il est important que le cardiologue réadaptateur « se mouille » quant à la reprise professionnelle : date, aménagement éventuel de poste, éventuelles « consignes », remise en main propre du courrier de sortie pour transmission au médecin du travail (visite de préreprise).
Injustement
Hormis chez les professions libérales ou indépendantes pour lesquels le taux de reprise à six mois est de 100 %, la reprise du travail reste « injustement » insuffisante. Les facteurs de mauvais pronostic sont l’âge (quelques mois avant la retraite), le niveau socioculturel, un métier pénible non motivant, mal rémunéré, des conflits professionnels antérieurs, un syndrome dépressif réactionnel sévère, un résultat imparfait de l’acte chirurgical, un mauvais ventricule gauche, une ischémie myocardique, des troubles du rythme résiduels, des tares associées, une faible capacité maximale d’effort. La reprise insuffisante s’explique en partie par le fait que les patients sont imparfaitement pris en charge (seuls 22 % des coronariens vont en réadaptation) et par la gravité de la cardiopathie, mais le plus souvent cette absence de reprise est due aux tabous, aux idées fausses, à l’inquiétude (du patient, de l’entourage – épouse, du médecin traitant, du cardiologue, du médecin du travail). Cette appréhension est plus liée à un manque de discernement qu’à la gravité de la cardiopathie.
La FEVG
Le patient coronarien (après ischémie myocardique silencieuse, angor, infarctus du myocarde, angioplastie) pourra reprendre le travail si sa FEVG est supérieure à 40-50 % et s’il n’existe ni ischémie résiduelle ni troubles du rythme. Dans le cas contraire, sauf événement nouveau, les travaux pénibles ne pourront être repris (efforts physiques, température, horaires…). Entre les deux, on étudiera au cas par cas, selon le métier, le profil du patient en lien avec le cardiologue.
Chez le patient ayant eu un remplacement valvulaire, la reprise du travail est habituelle dans le mois suivant la fin de la réadaptation. Néanmoins, cette reprise peut être différée, voire à jamais impossible en cas de geste tardif, de distension cavitaire importante persistante, et/ou de mauvais ventricule gauche, d’insuffisance cardiaque résiduelle, de troubles du rythme chroniques mal contrôlés (FA rapide), d’âge élevé, de pénibilité du travail, de risque hémorragique (AVK).
Chez l’insuffisant cardiaque sévère (myocardiopathie primitive ou ischémique) qui reste symptomatique malgré un traitement optimal, la reprise ne devra pas être envisagée sauf si le patient est très motivé et a un métier sédentaire sans surmenage. S’il ne peut reprendre son travail, il faudra envisager une mise en longue maladie invalidité.
La bonne « conduite » nécessite de bien connaître le dossier médical (capacités fonctionnelles, stratification du risque, état psychologique, personnalité, traitement particulier – AVK, insuline), d’évaluer le poste et les contraintes du travail, l’entreprise, d’apprécier « le meilleur avenir » pour le patient et de savoir s’entourer d’avis autorisés. Le rôle essentiel du médecin du travail ne doit pas être négligé et la visite de préreprise doit être aidée par la collecte d’un maximum de document sur la prise en charge.
D’après la communication de B. Pierre (Lyon) lors du 2e Forum Européen Cur, Exercice et Prévention.
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