La prévalence des blessures aux tendons a doublé dans le football professionnel masculin européen au cours des 20 dernières années, selon une étude parue dans le « British Journal of Sports Medicine ».
Des chercheurs de l'université de Linköping (Suède), en collaboration avec le centre médical d'excellence de la Fédération internationale de football association (Fifa) et des médecins de l'université de la Colombie-Britannique (Canada), ont mis en évidence une augmentation de la sévérité de ces blessures.
Les blessures aux tendons répertoriés dans l'étude regroupaient des élongations et des déchirures. Entre 2001 et 2014, il avait déjà été constaté une hausse de leur nombre rapporté au nombre de footballeurs professionnels et au nombre d'heures de jeu. Cette explosion a entraîné la mise en place de mesures de prévention dont l'impact semble insuffisant pour contrer les effets de matchs plus intenses et plus fréquents, comme le montrent ces dernières données publiées qui donnent la tendance entre les saisons 2001-2002 et 2021-2022.
Un joueur sur cinq blessé au cours de la période étudiée
Les chercheurs ont rassemblé les données de 3 909 joueurs issus de 54 équipes professionnelles, ayant joué 21 saisons consécutives, dans 20 pays européens. Cette collecte de données s'inscrivait dans le cadre de l'Elite Club Injury Study (Ecis), commencée par l'Union des associations européennes de football (UEFA) en 1999.
Selon les chiffres de cette étude, un joueur professionnel sur cinq a dû manquer un match ou un entraînement à cause d'une blessure au cours de cette période. Statistiquement, chaque équipe de 25 joueurs doit s'attendre à connaître au moins 8 blessures au tendon au cours de chaque saison, estiment les chercheurs.
Les blessures étaient classées par gravité : minime (1 à 3 jours d'arrêt), bénignes (4 à 7 jours), modérées (8 à 28 jours) et sévères (plus de 28 jours). Au cours des 21 saisons étudiées, 2 636 blessures ont été reportées au cours de plus de 2,1 millions d'heures d'entraînement et de matchs. Un tiers (34 %) de ces blessures a eu lieu pendant le quelque 1,79 million d'heures d'entraînement. Les deux tiers restant (1 714 blessures, soit 66 % du total) ont eu lieu au cours des 343 738 heures de matchs. Les joueurs professionnels ont 10 fois plus de risque de se blesser au cours d'un match qu'au cours d'un entraînement, avec une durée d'arrêt moyenne de 13 jours.
Au cours de la dernière saison étudiée, les blessures aux tendons représentaient 24 % du total des blessures répertoriées, contre 12 % lors de la première. Dans le même temps, le nombre de jours d'arrêt pour cause de blessure aux tendons a doublé, et représente désormais 20 % de l'ensemble des jours d'arrêt, tous types de blessures confondus. Entre 2014 et 2022, la sévérité des blessures aux tendons a également augmenté puisque 71 % des lésions étaient structurelles en 2022, avec un arrêt moyen de 17 jours contre 6 en 2014.
Des plannings de matchs de plus en plus chargés
Le caractère observationnel de l'étude « ne permet pas de déduire quelles sont les causes » de l'augmentation des blessures et de leur gravité, indiquent les auteurs. « Mais en se basant sur 21 années d'observation, il est raisonnable de penser que cela est dû à une combinaison de phases de jeu de plus en plus intenses et d'un calendrier de matchs de plus en plus chargé », suggèrent-ils.
« L'intensité du football élite masculin a augmenté au cours de la période étudiée. La pratique actuelle du football professionnel implique un volume d'actions de haute intensité dans chaque match, supérieur à ce qui était observé avant, poursuivent-ils. De plus, les joueurs professionnels jouent maintenant toute l'année, à l'exception d'une petite coupure de quatre à six semaines entre les saisons. Il arrive même fréquemment qu'il leur soit demandé de se plier à des tournées de pré-saison qui impliquent des voyages intercontinentaux. »
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