Le cas d’un enfant traité dès ses premières heures de vie, et indemne par la suite de toute présence du virus à un taux détectable, laisse penser aux spécialistes qu’il serait possible d’empêcher le développement d’un réservoir viral dans certains cas.
À la « Conference on Retroviruses and Opportunistic Infections » (CROI), une équipe de l’Université du Massachusetts apportera ce soir la première description d’un cas de « guérison fonctionnelle » chez un enfant infecté par le VIH. Par guérison fonctionnelle, il faut entendre qu’« il n’y a plus de virus détectable ni de signes de la maladie en l’absence de traitement antirétroviral ». L’étude du cas est présentée par les pédiatres Deborah Persaud et Katherine Luzuriaga. En juillet 2010, l’enfant est né prématurément (35 semaines), d’une mère infectée par le VIH. Cette dernière n’avait pas reçu de traitement antirétroviral et n’avait pas eu de prise en charge en période prénatale.
Dès la 30e heure
En raison de la très forte présomption d’exposition au VIH, un traitement contre le virus a été administré au bébé dès la 30e heure de vie, sous la forme d’une combinaison de zidovudine, lamivudine et névirapine (forme liquide). L’infection du nouveau-né a ensuite été confirmée au 2e jour de vie, sur deux échantillons sanguins testés par PCR (Polymerase Chain Reaction) ultra-sensible.
L’enfant est sorti de l’hôpital à l’âge d’une semaine, avec un traitement composé toujours de zidovudine et de névirapine, mais auquel était ajoutée une association de lopinavir et de ritonavir (cette combinaison est le traitement standard des enfants infectés par le VIH aux États-Unis).
Traitement arrêté
Les mesures de la charge virale plasmatique pendant les trois premières semaines ont montré la présence de l’infection. Cependant, à J29, la charge virale avait chuté à moins de 50 copies/ml. Le traitement a été poursuivi jusqu’à l’âge de 18 mois (janvier 2012), moment où il a été arrêté pour des raisons peu claires. Toutefois, lorsque l’enfant a été revu en milieu spécialisé à l’automne, les prélèvements ont montré des niveaux de VIH indétectables (moins de 20 copies/ml) et l’absence d’anticorps anti-VIH.
Taux extrêmement bas
Les tests ulrasensibles de détection de l’ARN viral et de l’ADN ne retrouvent alors que des taux extrêmement bas.
L’enfant a continué à se développer normalement, sans traitement antirétroviral et il n’a pas de VIH à un taux identifiable dans le corps, au dépistage à l’aide des tests standards. Il continue maintenant à être suivi en milieu spécialisé.
« Ce cas suggère que de donner un traitement antiréroviral dès les premiers jours de la vie à des enfants qui ont été infectés par le VIH par leur mère (au cours de la grossesse ou lors de l’accouchement) pourrait peut-être empêcher le VIH de former un réservoir, où un site sanctuaire dans le corps », commentent les chercheuses.
Une notion importante, que le recul va permettre de vérifier. Par ailleurs, l’examen des caractéristiques biologiques de l’enfant va aussi permettre de savoir si ce résultat tient au traitement ou si l’enfant se trouve être « contrôleur spontané ». Le cas va être présenté ce lundi et demain nous en saurons probablement davantage.
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