Alors que des études avaient jugé peu adéquats les scores prédictifs du risque cardiovasculaire dans les populations VIH des pays à revenu faible ou intermédiaire, des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT) ont revisité la question à l’échelle mondiale. Dans quelle mesure les modèles classiques restent-ils pertinents chez les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) selon le niveau socio-économique national ? Leur conclusion : le risque est surestimé dans les pays en développement tout en étant sous-estimé chez les femmes et les personnes noires dans les pays à haut revenu.
Décrit dans une publication récente du Lancet HIV, leur travail s’appuie sur les données des participants à l’essai randomisé prospective Reprieve sur la santé cardiovasculaire de pays à tout type de revenu. Cette cohorte se compose de 3 893 participants (69 % d’hommes, et 42 % de patients noirs) âgés de 40 à 75 ans, avec des facteurs de risque cardiovasculaires qualifiés de faibles à modérés, et qui n’étaient pas traités par statines lors de leur inclusion. Cette étude a testé deux modèles prédictifs de maladie cardiovasculaire, l’un utilisé aux États-Unis, le PCE (pour pooled cohort equations), et un autre spécifique pour les PVVIH, le score de risque D:A:D (pour data-collection on adverse effects of anti-HIV drugs).
Un risque plus de deux fois plus élevé qu’anticipé
En s’appuyant sur les données cliniques des patients de l’étude et sur l’évolution de leur santé cardiovasculaire, l’équipe a constaté une sous-évaluation du risque cardiovasculaire chez les femmes et les hommes noirs dans les pays à haut revenu avec les deux modèles utilisés. Avec le PCE en particulier, il y a eu un ratio de 2,39 événements observés pour un prévu chez les femmes et de 1,64 pour un prévu chez les personnes noires. La tendance était similaire avec le score D:A:D mais moins marquée. Dans le même temps, le risque cardiovasculaire était globalement surestimé dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.
Dans un commentaire, le Dr Patrice Desvigne-Nickens, de l’Institut national américain du cœur, du poumon et d’hématologie (NHLBI), espère que ces résultats « vont permettre aux chercheurs d’affiner les modèles de prédiction cardiovasculaire chez les patients vivant avec le VIH, explique-t-il. Prédire le risque cardiovasculaire avec précision dans les différents sous-groupes de patients n’est possible que si l’on recrute des populations diverses avec des facteurs de risque variés. »
Les auteurs fournissent un certain nombre de facteurs de correction pour les différents groupes mésestimés. Selon eux, dans les pays à haut revenu, il serait nécessaire de multiplier le résultat initial du score PCE par 2,8 pour les femmes noires, 2,6 pour les femmes non noires et 1,25 pour les hommes noirs. « Nous anticipons que les experts des comités chargés des recommandations vont prendre nos résultats en considération et préconiserons une prise en charge plus forte pour les femmes et les Afro-américains vivant avec le VIH », concluent-ils, rappelant que la prescription de statines en prévention en dépend. Les auteurs espèrent que leurs recalibrages feront l’objet de travaux de confirmation, tout en appelant à développer des scores plus pertinents dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.
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