Un essai ANRS remet en cause les recommandations de l’OMS sur le traitement du VIH dans les pays du Sud

Publié le 27/02/2015
Article réservé aux abonnés
1424969670589986_IMG_148592_HR.jpg

1424969670589986_IMG_148592_HR.jpg
Crédit photo : AFP

Selon les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), un patient atteint par le VIH dans un pays du Sud ne doit initier un traitement antirétroviral que lorsque son compte de CD4 est inférieur ou égal à 500 cellules/mm3. Par ailleurs, pour lutter contre le risque de tuberculose qui constitue la première cause de mortalité dans ces pays, l’OMS recommande l’utilisation de l’isoniazide pendant 6 mois. Cette dernière recommandation n’est pas appliquée dans certains pays, comme la Côte d’Ivoire, par crainte que cette stratégie ne favorise l’apparition de résistances bactériennes.

Ouvrir les traitements à l’ensemble des patients

Selon les résultats de l’étude Temprano présentés à la conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI) de Seattle par Christine Danel de l’Institut de santé publique, d’épidémiologie et de développement (ISPED) de Toulouse, cette stratégie serait bien plus efficace si l’on abolissait ce seuil de 500 cellules/mm3pour traiter également les patients ayant un fort taux de CD4.

Les chercheurs français, associés aux médecins du CHU de Treichville, à Abidjan, ont recruté 2 056 patients séropositifs pour le VIH-1. Tous ces patients avaient un taux de CD4 inférieur à 800 cellules par mm3 et 41 % un taux supérieur à 500 cellules/mm3.

La moitié de ces patients ont été traités, quel que soit leur décompte de CD4, tandis que l’autre moitié a été prise en charge selon les critères de l’OMS. Chacun de ces deux groupes a ensuite été séparé en deux sous-groupes, un qui recevait un traitement préventif par l’isoniazide, et un autre qui n’en recevait pas. Dans tous les groupes, le traitement antirétroviral de première intention était une association de Truvada (emtricitabine et tenofovir) et d’une autre molécule (efavirenz, zidovudine ou lopinavir/ritonavir).

44 % de comorbidité en moins

Le risque de morbidité sévère était diminué de 44 % chez les patients qui recevaient une trithérapie de façon systématique, comparés à ceux chez qui l’on suivait les recommandations de l’OMS (2,77 événements pour 100 patients années contre 4,94). Par ailleurs, le traitement préventif de la tuberculose diminuait le risque de comorbidité sévère de 35 % chez les patients ayant un décompte élevé de lymphocytes T, sans augmenter le risque de résistance.

Damien Coulomb

Source : lequotidiendumedecin.fr