Prenez une grande inspiration. Félicitations ! Vous êtes vacciné ! Si la vaccination par voix nasale n’est pas pour demain, un pas important vient cependant d’être franchi par les chercheurs rassemblés au sein du projet européen CHILD-INNOVAC coordonné par l’INSERM, et piloté par Camille Locht de l’Institut Pasteur de Lille. Les résultats de leur étude de phase I viennent en effet d’être publiés dans « Plos One », et apportent la preuve de concept de cette approche.
Des bactéries génétiquement modifiées
L’administration par voie nasale n’était pas l’unique nouveauté du procédé testé dans cet essai, puisque les gouttes déposées dans le nez des patients contenaient des Bordetella pertussis, le germe responsable de la coqueluche, vivantes mais génétiquement modifiées pour leur ôter tout pouvoir pathogène. L’idée étant de permettre une colonisation des parois nasales par cette bactérie inoffensive afin que le système immunitaire du patient puisse acquérir une immunogénicité à son contact.
Selon Camille Locht, cette approche présente un autre avantage : « l’une des hypothèses qui expliquerait la recrudescence de la coqueluche ces dernières années, est que le passage d’un vaccin à germe entier à un vaccin acellulaire a favorisé l’apparition de mécanismes d’échappement », explique-t-il. Certaines souches ont arrété de produire un des antigènes contenu dans les vaccins, réduisant ainsi leur efficacité. L’utilisation de bactéries vivantes couperait alors l’herbe sous le pied de cette stratégie.
48 adultes en Suède
L’étude a été menée chez 48 adultes en Suède, là où la couverture vaccinale vis-à-vis de la coqueluche est la plus faible. Les patients ont été répartis entre un groupe placebo, un groupe faible dose recevant 1 000 bactéries, un groupe dose moyenne recevant 100 000 bactéries et un groupe forte dose recevant 10 millions de bactéries. Un seul patient a développé une immunogénicité dans chacun des deux groupes correspondant aux doses les plus faibles, ainsi que cinq patients dans le groupe correspondant à la dose la plus forte. « Ce qui est encourageant, précise Camille Locht, c’est que ces sept patients étaient toujours immunisés au bout des six mois de suivi. »
De nouveaux essais vont être maintenant lancés, en augmentant les doses et le volume de la goutte déposée dans le nez du patient. Il est en effet possible qu’une meilleure obturation nasale améliore le pourcentage de patients efficacement vaccinés. Les chercheurs réfléchissent également à la possibilité d’étendre leurs essais aux adolescents puis aux enfants qui constituent la population cible de ce type de vaccin. Lors des premiers essais chez la souris, le vaccin avait aussi un effet protecteur contre des pathologies respiratoires comme l’asthme. « La cerise sur le gâteau, espère Camille Locht, serait que cet effet se vérifie à l’avenir chez l’homme. »
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