En l’absence de traitement spécifique de l’infection Covid-19, de nombreuses molécules sont aujourd’hui à l’étude, dont certaines ont des effets secondaires cardiaques.
Hydroxychloroquine et chloroquine
C’est notamment le cas de l’hydroxychloroquine et de la chloroquine, considérées par l’American heart association comme ayant une toxicité myocardique directe. Dans l’infection Covid-19, elles sont testées à des posologies de l’ordre de 500 mg deux fois par jour. Ces deux molécules ont un effet proarythmique bien connu et peuvent entraîner un allongement de l’espace QT et des torsades de pointe, même à dose thérapeutique. Elles sont d’ailleurs généralement contre-indiquées chez les patients ayant un QT long ou des antécédents de torsade de pointe. Elles peuvent également être à l’origine d’un aplatissement, voire d’une inversion de l’onde T à l’ECG et d’un élargissement des QRS.
Antiviraux
Autre classe de médicaments largement utilisée : les antiviraux, en particulier l’association lopinavir-ritonavir, sans effet bénéfique démontré pour l’instant. Ces molécules peuvent entraîner un allongement de l’espace QT et ont une action inhibitrice du CYP3A4. Elles ne peuvent pas être utilisées concomitamment à la chloroquine notamment. Un allongement de l’espace QT a aussi été rapporté avec le favipiravir, tandis que l’umifenovir et le darunavir semblent avoir un bon profil de sécurité cardiovasculaire. L’impact du remdesivir n’est pour l’instant pas connu.
Antibiotiques
L’association d’hydroxychloroquine, de chloroquine ou d’antiviraux à des antibiotiques de la famille des macrolides est assez couramment utilisée et nécessite une surveillance étroite de l’espace QT. La vigilance est également de mise en cas de recours à la pipéracilline-tazobactam qui expose au risque de torsades de pointe, en particulier en présence d’autres facteurs de risque tels qu’une bradycardie, une hypokaliémie, une hypomagnésémie ou d’association à d’autres molécules augmentant ce risque.
Il importe en outre de tenir compte de la pharmacocinétique de ces différentes molécules, pour éventuellement espacer et ajuster des doses.
Les auteurs de cette revue proposent des algorithmes pour l’initiation et la surveillance de ces traitements dans le contexte de l’épidémie de Covid-19, en phase avec les recommandations de la Mayo Clinic et du Collège américain de cardiologie.
Cardiac safety of off-label COVID-19 drug therapy: a review and proposed monitoring protocol. https://doi.org/10.1177/2048872620922784
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