Le syndrome de « l’homme arbre », aussi connu sous le nom d'épidermodysplasie verruciforme ou de syndrome de Lutz-Lewandowsky, est une maladie très rare liée à un papillomavirus (HPV) cutané. Une cause génétique de cette forme particulièrement sévère de l'infection virale, caractérisée par la poussée anarchique de cornes cutanées, vient d'être mise en évidence pour la première fois. Ce travail international paru dans « Cell » a impliqué des chercheurs et médecins français (Inserm, Université de Paris, AP-HP, Institut Imagine).
Le laboratoire de Génétique humaine des maladies infectieuses, dirigé par les Prs Jean-Laurent Casanova et Laurent Abel, cherche à comprendre depuis plusieurs années pourquoi certaines personnes vont développer une forme sévère alors que les HPV cutanés sont souvent sans gravité.
L’équipe de Vivien Béziat, chercheur Inserm au sein de ce laboratoire, a étudié le cas d'un patient iranien, atteint du syndrome de l'homme arbre, ainsi que de deux membres de sa famille, présentant une forme sévère d'infection par HPV cutané avec présence de verrues sur les mains et les pieds mais n'ayant pas développé le syndrome. Ces trois personnes ont en commun une mutation du gène CD28.
Ce gène est normalement impliqué dans l'activation des lymphocytes T. La mutation présente chez les trois patients fait que le système immunitaire n'est plus en mesure de se défendre de manière appropriée contre le virus. Ce dernier se développe dans les kératinocytes (cellules de l'épiderme), entraînant la multiplication de verrues et/ou de cornes cutanées.
Une réaction sévère qu'à un type d'HPV
Les chercheurs ont aussi constaté que les trois patients, bien qu'ayant été confrontés à plusieurs types d’HPV et divers pathogènes, n'ont développé des réactions sévères qu'en réponse à une infection au HPV2 pour le patient atteint du syndrome de l'homme arbre et au HPV4 pour les deux autres.
« Ces patients n’ont montré une sensibilité anormalement élevée qu’à certains papillomavirus du genre gamma-HPV et alpha-HPV. Sur la base des travaux menés au cours des 30 dernières années, nous pensions au contraire qu’un dysfonctionnement du gène CD28 rendrait les patients sensibles à de nombreux agents infectieux, explique Vivien Béziat dans un communiqué. Or, même si leur réponse immunitaire est affaiblie, les patients se défendent bien contre les autres pathogènes. » Le CD28, jusque-là considéré comme un pilier du fonctionnement immunitaire et de la réponse des lymphocytes T, ne semble pas avoir un rôle si majeur.
Alors qu'aucun traitement n'est disponible pour les patients atteints du syndrome de l'homme arbre, ces nouveaux résultats offrent l'espoir de nouvelles perspectives thérapeutiques.
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?