COMME POUR L’ÉPIDÉMIE H5N1, l’émergence de mécanismes de résistance à l’oseltamivir (Tamiflu) est responsable d’une non-élimination du virus et d’une aggravation de l’état de santé chez certains patients infectés par le nouveau virus aviaire, A H7N9.
L’observation est publiée dans la dernière édition du Lancet datée du 28 mai. Des auteurs chinois ont étudié 14 cas de patients infectés par le virus aviaire A/H7N9 admis à l’hôpital de Shangai entre le 4 et le 20 avril. Les patients avaient tous reçu un traitement antiviral avant l’admission, soit l’oseltamivir à raison de 75 mg ou 150 mg deux fois par jour parfois associé au peramivir, au moins deux jours avant l’admission. Pour tous les patients, les auteurs ont mesuré la charge virale sur les prélèvements de gorge, sanguins, urinaires et fécaux.
Trois groupes de patients. a
Dix des 14 patients étaient âgés en moyenne de 74 ans (60-78 ans) ; les patients ne se connaissaient pas et n’avaient jamais été en contact entre eux. Les patients ont été séparés en 3 groupes selon l’état clinique :
- 50 % (7) avaient une pneumonie et ont été ventilés sans oxygéntaion par membrane extracorporelle (ECMO) : ils constituent le groupe pneumonie "PN";
- 4 présentaient un syndrome de détresse respiratoire aiguë et ont été ventilés mécaniquement et constituent le groupe "VM" ;
- 3 présentaient une pneumopathie qui s’est rapidement détériorée après traitement et ont reçu une oxygénation avec membrane extracorporelle : ils constituent le groupe "ECMO".
Charge virale corrélée à la sévérité.
Les charges virales moyennes obtenues sur les prélèvements de gorge étaient de 3,76 dans le groupe le plus sévère ECMO, de 2,26 dans le groupe VM, et de 3,05 dans le groupe pneumonie ; le pic moyen de charge virale était significativement différent entre ECMO et autres groupes (p= 0,033). Quand les auteurs comparent les pics de charge virale sous oseltamivir, la moyenne est de 5,34 dans le groupe ECMO, de 4,44 dans le groupe VM et de 3,05 dans le groupe PN.
Tout au long du séjour hospitalier, la charge virale des patients les plus sévèrement atteint est restée la plus élevée.
L’absence de réponse au traitement antiviral chez les patients du groupe ECMO a conduit les auteurs à rechercher des mécanismes de résistance : les gènes de la neuraminidase (NA) et de l’hémagglutinine (HA) ont été séquencés chez les 3 patients du groupe ECMO et 2 des patients VM qui observent que la résistance à l’oseltamivir est associée avec une mutation du gène codant pour la neuraminidase chez 2 des 3 patients ECMO et aucun du groupe VM. Les 3 prélèvements obtenus chez le patient°2 du groupe ECMO au 4e, 7e et 9e jour après le début de l’oseltamivir présentaient des mutations de la lysine en position.
Selon les auteurs, ces observations corroborent les données antérieures observées chez deux patients atteints de H5N1 pour lesquels la résistance à l’oseltamivir est associée à une absence de diminution de la charge virale et à un très mauvais pronostic. Pour le nouveau virus aviaire, deux patients présentant une résistance documentée au traitement antiviral ont reçu une corticothérapie. Il reste donc à explorer le rôle des corticoïdes dans l’apparition des résistances.
The Lancet. Association between adverse clinical outcome in human disease caused by novel influenzæ H7N9 virus and sustained viral shedding and emergence of antiviral resistance ; 28 mai
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024