Un quatrième cas de guérison de l'infection par le VIH a été présenté et discuté en amont du congrès de la société internationale du sida (IAS), qui se tient à Montréal, du 29 juillet au 2 août.
Du point de vue de la thérapie qui a permis à ce patient californien de guérir, la communication des médecins californiens n'apporte pas de nouvelles données. À l'image du patient de Berlin, du patient de Londres et de la patiente de Barcelone, le « patient de City of Hope » - du nom du centre californien, à Duarte, où il a été traité - a bénéficié d'une greffe de cellules souches hématopoïétiques dans le cadre du traitement d'une leucémie. Comme pour les autres patients guéris avec lui, la greffe provenait d'un donneur homozygote pour la mutation CCR5-Δ32.
La nouveauté que mettent en avant les chercheurs est l'âge du patient, 66 ans, qui en fait le cas de guérison le plus âgé jamais observé. Infecté par le VIH en 1988, il a été sous trithérapie pendant 30 ans et a été transplanté il y a 3 ans et demi. Depuis mars 2021, le patient a arrêté son traitement, et son infection est restée indétectable. Il n'a pas non plus connu de rechute concernant sa leucémie. Pour les médecins qui ont présenté ces données, ce cas « ouvre des perspectives pour la guérison des patients plus âgés, en particulier parce que le donneur n'était pas un membre de la famille du patient ». Les auteurs ont exposé des lymphocytes T CD8 prélevés sur le patient au VIH. Les cellules immunitaires du patient résistaient à l'infection.
Lors d'une conférence de presse, Sharon Lewin, présidente de l'IAS, estime que cette nouvelle apporte un « espoir » pour les patients, « cependant, il y a peu de chance que cette thérapie devienne une véritable option pour les malades, compte tenu du risque que représente la procédure », tempère-t-elle.
Un antibiotique pour prévenir les IST en post-exposition
Autre résultat présenté : si la PrEP orale et injectable fonctionne pour prévenir le risque d'infection par le VIH lors de rapports sexuels non protégés, il manquait un outil qui assure le même office pour les autres infections sexuellement transmissibles. En 2017, un travail mené par les coordinateurs de l'étude ANRS Ipergay avait déjà montré que la prise de doxycycline en prophylaxie postexposition réduisait très significativement le risque de chlamydia (-70 %) et de syphilis (-73 %). Le risque de survenue d'une gonorrhée n'était en revanche pas significativement affecté par la prophylaxie.
Les données de l'étude DoxyPEP présentées cette année par la Pr Annie Luetkemeyer, de l'hôpital général Zuckerberg de San Francisco enfoncent le clou. Il s'agit d'une étude randomisée ayant recruté 427 patients, dont les deux tiers ont participé à un programme de prévention postexposition basée sur la doxycycline, et le tiers restant bénéficiait d'une prise en charge standard, sans prophylaxie.
Les participants devaient prendre 200 mg de doxycycline au cours des 72 heures qui ont suivi un rapport sexuel non protégé par un préservatif. Dans le groupe sous prophylaxie, le risque d'IST était diminué de 66 % (10,7 % d'IST contre 31,9 % sur une période de 3 mois). Au sein du groupe de patients séropositifs pour le VIH (174 participants) cette réduction était de 62 % (11,8 % contre 30,5 %).
Des interrogatoires ont révélé une bonne observance : la doxycycline était prise dans 87 % des cas avant un rapport non protégé. Plus de la moitié des participants affirment avoir pris moins de dix doses par mois, 30 % entre dix et vingt, et 16 % plus de vingt doses.
Une avancée dans la recherche sur les biomarqueurs des réservoirs du VIH
Les chercheurs de l'institut national américain des allergies et des maladies infectieuses ont quant à eux présenté leurs travaux menés sur les profils d'expression du génome des cellules sanguines infectées par le VIH, y compris celles qui leur servent de réservoir.
Les auteurs ont utilisé une nouvelle technologie de séquençage de génomes triés dans des microgouttelettes, appelée FIND-Seq (Focused interrogation of cells by nucleic acid detection and sequencing), pour séquencer spécifiquement le transcriptome issu de l'ADN viral intégré au génome des lymphocytes T CD4 mémoires issus de six patients vivants avec le VIH dont l'infection est indétectable grâce à un traitement antirétroviral. Ils ont comparé le résultat à celui obtenu à l'aide de la même technique, mais sur des cellules non infectées.
Ils ont ainsi mis en évidence l'inhibition de six voies de signalisations, y compris la voie de signalisation Ga 12/13 nécessaire pour déclencher l'apoptose (mort cellulaire). Ces résultats sont importants car ils permettent de mieux comprendre comment l'infection des lymphocytes T mémoires par le VIH promeut la persistance du VIH et la survie des cellules dans lesquelles le virus trouve refuge.
Le TAF, plus efficace pour les coinfections VIH/VHB
Les résultats de l'étude de phase 3 Alliance présentées par les équipes de la Croix rouge thaïlandaise ont un caractère plus pratique. Il s'agit de la première comparaison frontale de l'association bictégravir/emtricitabine/ténofovir alafénamide (B/F/TAF) et de l'association plus ancienne de dolutégravir et ténofovir disoproxil fumarate (DTG + F/TDF) dans le traitement d'adultes coïnfectés par le VIH et le virus de l'hépatite B, et encore naïfs de tout traitement.
Cette étude menée pendant 48 semaines en Thaïlande montre que, si les deux traitements parviennent à rendre l'infection par le VIH indétectable dans plus de 90 % des cas, le B/F/TAF réduit plus rapidement la quantité d'antigènes du virus de l'hépatite B, de même que la séroconversion et les atteintes sur le foie, mesurées grâce aux taux d'alanine aminotransférase.
Les effets indésirables les plus fréquents étaient des infections des voies respiratoires supérieures, des cas de fébrilité et des symptômes nasopharyngés.
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