Une infection à ne pas négliger

L'herpès, mal connu en obstétrique

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Publié le 06/07/2017
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Sept femmes enceintes sur dix ont un antécédent d'infection par un virus Herpès simplex (HSV), de localisation génitale ou labiale, dans la majorité des cas de type 1. « Or, l’infection herpétique reste mal connue des obstétriciens, souligne la Pr Marie-Victoire Senat, alors que les conséquences de cette infection au moment de l’accouchement sont potentiellement graves pour l’enfant ».

Une conférence de consensus sur l’herpès cutanéomuqueux chez le sujet immunocompétent, menée sous l’égide de l’ANAES et la Société française de dermatologie, à laquelle avait participé le CNGOF avait abordé en 2001 le cas particulier de la grossesse. Les recommandations du Collège, qui seront présentées lors du prochain congrès du CNGOF, qui visent à aider les praticiens à mieux diagnostiquer et prendre en charge primo-infections et récurrences et à améliorer la prise en charge de l’enfant, sont donc attendues.

Comme le rappelle la Pr Senat, « l'interrogatoire n'est pas toujours suffisant pour connaître l'antécédent d'infection herpétique d'une patiente et de son conjoint, et l’examen clinique peu fiable. Le risque de séroconversion HSV pendant la grossesse est de 1 à 5 %, mais il peut atteindre 20 % en cas de couple sérodiscordant ». La symptomatologie de l’éruption herpétique génitale, le plus souvent due à HSV2, est souvent atypique et sans particularité pendant la grossesse. La prévalence des lésions cliniques d’herpès à l’accouchement est de 16 % en cas de récurrence contre 36 % en cas d’infection initiale. Et chez les patientes HSV+, une excrétion herpétique asymptomatique est rapportée dans de 4 à 10 % des cas, le taux d'excrétion étant plus élevé chez les patientes VIH+.  

Au cours de la grossesse, les hépatites herpétiques et encéphalites sont rares mais potentiellement graves. Il faut donc savoir évoquer ces diagnostics afin de mettre en route un traitement antiviral le plus précocement possible.

« Il n’y a pas de lien établi entre l'infection herpétique et les fausses couches, poursuit la Pr Senat, mais il semble exister une association entre l'infection herpétique non traitée – mais pas l’infection traitée  et l'accouchement prématuré. Les fœtopathies herpétiques sont exceptionnelles et il n’y a pas d’argument pour recommander une prise en charge spécifique de diagnostic anténatal en cas d’infection herpétique pendant la grossesse ».

D’après un entretien avec la Pr Marie-Victoire Senat, hôpital Bicêtre, le Kremlin-Bicêtre

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Bilan Spécialiste