La Haute Autorité de santé (HAS) a réintroduit les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) dans la prise en charge des patients douloureux atteints d'un Covid long. Dans une révision de ses recommandations datées du 10 novembre dernier, la HAS estime en effet que les AINS peuvent être prescrits selon les règles usuelles chez les patients douloureux dans le cadre du Covid long.
Les AINS, dont l’ibuprofène, étaient déconseillés depuis mars 2020, étant considérés comme un potentiel facteur aggravant du Covid, à la suite de données préliminaires et d'alertes des réseaux de pharmacovigilance. Cette crainte fut renforcée un mois plus tard en avril par un travail du comité de pharmacovigilance l'Agence européenne du médicament (PRAC) entamé en mai 2019 dans différentes infections courantes, à la demande de l'Agence nationale du médicament (ANSM).
Le comité avait conclu que la prise d’ibuprofène ou de kétoprofène pouvait entraîner un masquage des symptômes tels que la fièvre ou la douleur, conduisant à un retard de prise en charge et à un risque de complications pour des infections telles qu'angine, pneumonie, rhinopharyngite, otite, toux, infection pulmonaire, lésion cutanée ou varicelle.
Un surrisque de mortalité non confirmé
Entretemps, plusieurs études de cohorte ont été menées et n'ont pas confirmé un surrisque de mortalité lié à cette classe de médicaments dans le contexte particulier des infections à Covid-19, même si les centres régionaux de pharmacovigilance restent en alerte. Le Grains (Groupe de réflexion sur les AINS) soutenu par le laboratoire GSK avait réalisé une expertise rassurante d'après la littérature.
Dans ses recommandations révisées, la HAS préconise le recours aux AINS dans les situations suivantes du Covid long : douleurs aiguës ou nociceptives/inflammatoires chroniques, céphalées de tension en soins primaires. « Cette mise à jour des recommandations de la HAS, éclairée par les données de la littérature, est bienvenue, commente le Pr Pierre Tattevin, chef du service des maladies infectieuses au CHU de Rennes. Elle lève une restriction qui pouvait conduire les patients douloureux à remplacer les AINS par des traitements parfois moins efficaces ou plus toxiques. »
En ce qui concerne la prise en charge des douleurs lors de la phase aiguë du Covid-19, les AINS ne sont pas indiqués pour le traitement d'une infection à Sars-CoV-2, mais ils ne sont pas contre-indiqués non plus, précise le Pr Tattevin : « S’ils sont indiqués pour une autre raison à la phase aiguë d’un Covid, on peut donc les donner au patient. »
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?