Impossible de prédire l'évolution de l'épidémie d'Ebola, qui sévit en République démocratique du Congo (RDC) depuis le 1er août 2018 dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri. Une chose est sûre, l'épidémie de fièvre hémorragique qui comptabilise 103 cas en date du 23 août, dont 76 confirmés et 27 probables, n'est pas encore sous contrôle.
« Il faut s'attendre à un doublement des cas dans les prochains jours », annonce Gwenola Seroux, responsable des urgences MSF France. Après les centres de traitement d'Ebola (CTE) à Béni (capacité 20 lits) d'ALIMA (Alliance for International Medical Action) et à Mangina de MSF (68 lits), l'ouverture d'un 3e CTE (30 lits) par l'IMC (International Medical Corps) à Makeke a été décidée, ce qui devrait avoir lieu sous 15 jours.
Une situation à haut risque
Pour Gwenola Seroux, « les 15 prochains jours vont être décisifs » pour savoir comment va évoluer l'épidémie. « Par rapport à la précédente qui a eu lieu dans le pays dans la province de l'Équateur (N.D.L.R. : fin officielle le 24 juillet 2018), poursuit-elle, cette épidémie est plus inquiétante : elle est localisée autour d'un axe routier très peuplé et proche d'une frontière internationale avec l'Ouganda. Les cas déclarés à Oïcha, plus au nord, et à Katanga dans l'Ituri, pour l'instant isolés, nous inquiètent. Et la surveillance des cas contacts et le système d'alerte ne sont pas optimaux ».
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait part également ce vendredi de son inquiétude des 2 cas à Oïcha, un confirmé et un présumé, car l'épidémie franchit les lignes rebelles, un scénario que tous « redoutaient », souligne l'OMS. Si Oïcha n'est pas contrôlée par les rebelles, le territoire qui entoure la ville est sous l'emprise des rebelles ougandais des Forces démocratiques alliées (ADF), responsables présumés du massacre de plusieurs centaines de civils depuis 2014.
Les cas d'Oïcha vont compliquer la prise en charge, les personnels de santé et de l'aide humanitaire allant travailler dans « un environnement très complexe », a relevé Peter Salama, directeur général ajoint de l'OMS en charge des réponses d'urgence. Les équipes ne peuvent se déplacer à Oïcha que sous escorte armée. « Nous sommes à un moment charnière, a-t-il ajouté. Nous sommes vraiment à la croisée des chemins. »
Trois centres de traitement d'Ebola
Dans l'attente de l'ouverture du 3e CTE, MSF a d'ores et déjà mis en place dans le centre de santé de la Makeke deux tentes (8 places) pour accueillir les cas suspects une demi-journée, le temps de recevoir les résultats des tests envoyés au laboratoire de Mangina. « C'est un véritable challenge, concède Gwenola Seroux. C'était très important de se rapprocher des communautés pour faire baisser la peur et améliorer l'acceptance de l'aide médicale. »
Aujourd'hui, le centre de Mangina, installé depuis le 14 août en relais de l'hôpital situé à 200 mètres, accueille 44 patients. « Au total, nos équipes comptent une cinquantaine de personnes, congolais et expatriés, décrit-elle. Les missions sont prévues pour une durée d'un mois maximum avec des rotations, compte tenu du haut niveau de stress, d'exposition et de fatigue. Actuellement, une partie de nos équipes est mobilisée pour 1 semaine à la décontamination de l'hôpital. C'est un travail énorme de nettoyage et d'assainissement. »
Personnels de santé affectés
Les équipes de MSF sont intervenues dès le 31 juillet et l'épidémie n'a pas épargné les personnels de santé, en première ligne. « Treize personnels de santé ont été affectés par le virus à Mangina, dont un décès, explique Gwenola Seroux. Il faut compter une dizaine de jours pour que l'effet protecteur de la vaccination soit efficace. » Contrairement à l'épidémie précédente, la vaccination n'est pas assurée par MSF mais par le ministère de la Santé congolais, qui a fait preuve d'une grande réactivité. « Sont concernés les personnels de santé, les personnes s'occupant des enterrements sécurisés et les cas contacts », décrit-elle. Plus de 7 000 vaccins ont été acheminés sur place, selon le ministère de la Santé. Le 23 août, les autorités ont annoncé que 2 179 personnes avaient été vaccinées.
Cinq traitements expérimentaux
Le ministère de la santé a annoncé également le 23 août autoriser l'utilisation de quatre traitements expérimentaux, le ZMapp, le Remdesivir, le Favipiravir et le Régénéron (Regn3450-3471-3479). Ces molécules viennent s'ajouter au « mAb114 », utilisé depuis le 11 août et administré à 10 personnes, dont l'évolution est positive, selon le ministère. « Les traitements expérimentaux vont commencer à être donnés d'ici aujourd'hui à demain, explique-t-elle. Les trois CTE auront accès aux cinq molécules. Il y a encore peu de données pour guider le traitement. La décision de la molécule sera prise au cas par cas, des protocoles se mettent partout en place. »
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