Jusqu’ici les études semblaient montrer que les infections par le Clostridium difficile ne pouvaient, dans la plupart des cas, pas être reliées à d’autres cas. Cette notion est remise en question par de nouveaux résultats publiés par une équipe de chercheurs de l’université de Salt Lake City. En recherchant de manière systématique la présence de la bactérie dans l’environnement de deux unités de soins intensifs quotidiennement pendant 13 semaines au total, ils sont parvenus à mettre en évidence des « chaînes de transmission invisibles » entre des patients aux hospitalisations parfois séparées de plusieurs jours.
Pendant 8 semaines pour un service et 5 pour l’autre, les auteurs de cette étude ont recherché, via des prélèvements de surfaces (touchées ou non par le patient) et sur le corps de patients (aisselle, aine et région périanale ou selles), la présence de Clostridium difficile qu’elles produisent ou non des toxines. En tout, 177 patients ont accepté de se livrer à l’expérience. Des prélèvements ont aussi été effectués sur les mains ou les gants des professionnels de santé. Des bactéries, toxigéniques ou non, ont été retrouvées sur 6,78 % des patients et 7,30 % des surfaces. La prévalence de bactéries toxigéniques était de 1,69 % sur les patients et 3,28 % dans l’environnement.
Des contaminations d’une chambre à l’autre
Les chercheurs ont identifié 7 clusters de contaminations reliées entre elles, impliquant 22 patients. Près de 8 % des patients étaient porteurs de Clostridium difficile génétiquement lié à des bactéries retrouvées sur d’autres patients ayant occupé la même chambre. Ils précisent que plus de la moitié (57 %) des transmissions de bactéries a eu lieu entre deux patients qui n’étaient pas hospitalisés en même temps. Les auteurs évoquent même l’existence de 5 cas de transfert de Clostridium difficile entre deux chambres.
En étendant leur analyse aux bactéries prélevées dans l’environnement des chambres, ils ont calculé qu’il y avait 3,6 fois plus de transfert de Clostridium difficile qu’en prenant en compte seulement les prélèvements faits sur les patients, ce qui « met en lumière la capacité des surfaces hospitalières à jouer le rôle de réservoir », concluent les auteurs. La majorité des isolats étaient non toxinogènes, sans impact clinique direct, mais leur présence reflète des lacunes dans les pratiques d'hygiène. « Leur transmission pourrait modéliser celle des souches toxinogènes non détectées », ajoutent les auteurs. En outre, cinq clusters de transmission impliquaient les mains du personnel de santé, soulignant l'importance de l'hygiène même en l'absence de contact.
Ces résultats, qui remettent en question l’idée selon laquelle l’infection nosocomiale à Clostridium difficile est peu transmissible, renforcent l’importance de l’hygiène des mains et de la décontamination de l’environnement. Chaque année, on estime que 223 000 infections par le Clostridium difficile associées au soin surviennent chaque année aux États-Unis, dont 12 800 mortelles.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024