« Au niveau mondial, les tiques sont considérées comme le deuxième vecteur arthropode de maladies infectieuses après les moustiques », rappelle Muriel Vayssier-Taussat, directrice de recherche à l'École nationale vétérinaire de Maisons-Alfort (UMR BIPAR, INRA-ANSES-ENVA).
La famille la plus représentative est celle des Ixodidae dont une dizaine d'espèces en France et en Europe transmettent des maladies à l'homme. Parmi elles, Ixodes ricinus, responsable de la maladie de Lyme, est la plus largement répandue et vectrice du plus grand nombre d'agents pathogènes. Elle se nourrit sur plus de 300 hôtes différents et peut être infectante pour l'homme à tous les stades de son développement : soit à l'état de larve, nymphe ou adulte. Cette espèce de tiques est vectrice outre de Borrelia burgdorferi, à l'origine de la maladie de lyme, d'une demi-douzaine de borélia et autres bactéries telles que Anaplasma phagocy-tophilum, Candidatus Neoehrlichia mikurensis, Coxiella burnetii… L'un de ces agents pathogènes les plus redoutables étant le virus de l’encéphalite à tique. « Mais la zone de prévalence de cette infection grave reste relativement circonscrite dans l'Est de la France, il existe un vaccin efficace et les populations sont bien informées », précise Muriel Vayssier-Taussat.
Rhipicephalus sanguineus, autre tique de la famille des Ixodae, appelée également la tique du chien, sévit quant à elle dans le sud de la France. Elle peut être porteuse de Rickettsia Comorii une bactérie à l'origine de la fièvre boutonneuse médittérannéenne. « une maladie mortelle, mais qui se soigne très bien par un traitement antibiotique, à condition d'en reconnaître les symptômes », indique le Pr Parola, directeur en entomologie médicale et chef du service des maladies infectieuse de l'hôpital de la Timone de Marseille. À savoir : fièvre, boutons et une croûte noire significative à l'endroit où la tique est restée attachée.
Signes cliniques peu spécifiques
La majorité de ces agents pathogènes sont à l’origine de signes cliniques peu spécifiques (fièvres, douleurs musculaires, fatigue, etc.). Ils sont en fait difficilement détectables car très peu connus et sont donc très rarement diagnostiqués. Même si, comme le souligne le Pr Parola : « Depuis une dizaine d'années, la médiatisation autour de la maladie de lyme a eu l'avantage de sensibiliser les médecins qui détectent plus souvent les premiers signes de ces maladies et l'on voit moins de diagnostics tardifs ».
Reste que les tiques sont susceptibles de co-transmettre simultanément plusieurs agents pathogènes à l’homme. « On peut retrouver jusqu'à 5 différents agents pathogènes pour l'homme dans une même tique, signale Muriel Vayssier-Taussat. Mais l’impact de ces associations microbiennes reste encore méconnu, y compris en termes de symptomologie. Ce qui complique le diagnostic et le traitement ». Et d'ajouter qu'au-delà de la maladie Lyme, d'autres pathologies sont à explorer qui ne sont pas anecdotiques : « La recherche doit se poursuivre pour répondre aux préoccupations de ces personnes qui présentent des symptômes après s'être fait piquer par des tiques et qui restent négatifs aux tests de cette maladie. » Son laboratoire attend pour cela le feu vert de l'Agence nationale de la recherche (ANR) pour le lancement d'une vaste étude en partenariat avec les services d'infectiologie de 7 CHU*.
*Besançon, Strasbourg, Rennes, Saint-Etienne, Bichat-Claude-Bernard (Paris), Garches, Clermont-Ferrand
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