Les germes isolés à partir des poches de nutrition parentérale appartiennent à une espèce non décrite. Une analyse approfondie est en cours, avec en premier lieu un séquençage du génome entier.
Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé, a annoncé, lors d’un point presse au ministère la suspension de la production du laboratoire Marette de Courseulles-sur-Mer. Il a été demandé au laboratoire de mettre en quarantaine les poches stockées.
Ewingella et Rahnella
« Les premiers résultats des analyses réalisées par l’Institut Pasteur montrent que 6 poches d’alimentation parentérale, dont trois présumées intègres, sont contaminées. Elles proviennent du lot du 28 novembre 2013, c’est-à-dire produit le même jour que celles administrées aux 3 enfants. Elles contiennent un seul et même germe, rarement retrouvé dans les cas d’infections en milieu hospitalier, évoquant une origine environnementale. Il s’agit d’une nouvelle espèce d’entérobactérie encore sans nom, proche d’Ewingella et de Rahnella », indique le ministère dans son communiqué.
Le Dr Ana-Maria Burguière (responsable adjointe de la Cellule d’intervention biologique d’urgence, CIBU, Institut Pasteur), explique au « Quotidien », que les souches ont été analysées au CIBU. Une analyse d’une séquence, sur un gène d’identification (RPOB), a été réalisée. « Quand on rentre dans la base de données, cela montre que les germes analysés appartiennent à la famille des enterobacteriaceae. Ils sont identiques entre eux et très proches de deux espèces, Ewingella americana et Rhanella aquatilis. Mais toutefois, il n’y a pas d’identité à 100 % avec des germes répertoriés dans la base de données », explique la spécialiste.
Des germes en provenance du sol, de l’air, ou de l’eau
Ce qui veut dire que ces germes appartiennent à une espèce non décrite. L’origine est probablement environnementale : sol, air, eau. Une enquête est en cours, diligentée par l’ANSM, pour comprendre comment ces germes sont arrivés dans les poches d’alimentation.
La souche est-elle pathogène ? À cela Ana-Maria Burguière répond que si la souche était très pathogène, elle aurait déjà été décrite. Toutefois, dans le monde microbien, il y a un énorme pourcentage des bactéries qui ne sont pas connues. « On découvre les bactéries quand elles commencent à poser des problèmes », commente la spécialiste. Par ailleurs, simple question de bon sens, quand on injecte un germe dans un compartiment de l’organisme et qu’une pathologie se développe, on peut se douter que le germe en question va poser des problèmes, poursuit la spécialiste.
Il n’est pas dans les compétences du CIBU de comprendre ce qui s’est passé. En revanche, un travail académique est entrepris et déjà commencé, pour acquérir des connaissances sur ces germes. Un séquençage de tout le génome a été lancé, ce qui va prendre 2 à 3 semaines. Les résultats seront analysés, en relation avec le Comité taxonomique bactérien, pour savoir si c’est une espèce nouvelle et la nommer.
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