Asthénie, faiblesse musculaire, troubles du sommeil, anxiété et dépression, ce sont les symptômes les plus fréquents six mois après une hospitalisation pour infection au SARS-CoV-2, révèle une étude menée dans l'hôpital Jin Yin-tan de Wuhan publiée dans « The Lancet ».
Au total, l'étude a porté sur 1 733 des 2 469 patients admis lors de la première vague entre janvier et mars, après exclusion de 736 personnes (décès, troubles psychiatriques, démence, mobilité réduite, refus de participer).
L'asthénie ou la faiblesse musculaire était le symptôme le plus fréquent, retrouvé chez deux tiers de ces patients âgés en médiane de 57 ans (52 % des hommes), suivi par les troubles du sommeil concernant plus d'un quart d'entre eux (26 %) et les troubles anxiodépressifs (23 %).
Une population cible identifiée pour le suivi
Si les symptômes peu spécifiques sont fréquents, sans doute liés en partie au déconditionnement à l'effort, il ressort de ce travail que les patients les plus gravement malades présentent le plus de risque d'avoir une atteinte pulmonaire persistante et des anomalies à l'imagerie thoracique. « C'est la principale population cible pour un suivi à long terme », souligne l'équipe dirigée par le Pr Bin Cao du Centre national de recherche clinique des maladies respiratoires et de l'hôpital sino-japonais à Pékin.
Ainsi, la distance de marche à six minutes était 23 % en dessous de la normale dans les formes plus modérées et 29 % dans les plus graves. De la même façon, des troubles de la diffusion pulmonaire étaient respectivement observés chez 22 et 56 % des patients. Plus de la moitié (n = 48/86, 56 %) des patients oxygénorequérants lors de l'hospitalisation (oxygénothérapie à haut débit, ventilation non invasive, ventilation mécanique invasive) présentait une capacité de diffusion pulmonaire diminuée. Quant aux anomalies à l'imagerie (opacités en verre dépoli, lignes irrégulières), le risque était multiplié d'un facteur quatre à cinq dans les formes les plus graves par rapport aux plus modérées.
Des zones d'incertitude
Autre enseignement de l'étude dans laquelle un suivi biologique a également été assuré, le fonctionnement des reins peut être affecté à long terme. De manière inattendue, il est apparu que 13 % des patients à fonction rénale normale lors de l'hospitalisation ont présenté lors du suivi une baisse de la clairance rénale (taux estimé de filtration glomérulaire, eGFR < 90 ml/min per 1,73 m2). Dans un éditorial, des médecins italiens soulignent ce résultat étonnant, tout en restant prudents en raison de la marge d'erreur possible liée à l'indicateur estimé plutôt que mesuré.
De manière plus générale, Monica Cotinovis, Norberto Perico et Giuseppe Remuzzi de Bergame pointent les incertitudes persistantes. Si l'étude apporte à point nommé un éclairage nouveau sur le Covid long, la lumière n'est pas complètement faite, notamment sur les patients les plus graves admis en réanimation, peu nombreux dans l'étude (4 %). Même s'il est vrai que des altérations des fonctions cognitives et physiques ainsi que de la santé ont été précédemment rapportées, tempèrent les éditorialistes.
Autre incertitude, l'immunité à long terme. Les chercheurs chinois attirent l'attention sur la baisse significative de 52,5 % des anticorps neutralisants chez 94 patients analysés. « Le risque de réinfection devrait être contrôlé chez les patients qui présentent de nouveau des symptômes de Covid-19 », recommandent-ils.
Pour le Pr Bao : « Notre analyse fait ressortir la nécessité d'un suivi ou de soins après la sortie, en particulier pour ceux ayant eu une infection sévère. Notre travail souligne aussi l'importance d'études de suivi plus longues dans des populations plus larges pour mieux comprendre le spectre complet des effets du Covid ». En France, l'étude ComPaRe avait recensé chez 600 patients pas moins d'une cinquantaine de symptômes possibles à distance d'une infection aiguë.
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