Port du masque obligatoire et prise de la température corporelle dans les lieux publics fermés, réorganisation du circuit scolaire avec à la clé, le principe de rotation pour éviter les classes « poulaillers ». À cela s’ajoutent l’interdiction de rassemblements et la prorogation de l’état d’urgence sanitaire jusqu’au 31 octobre, peut-être même jusqu'à la fin de l’année. L’Italie n'a pas cessé de maintenir le dispositif de sécurité introduit au lendemain du déconfinement afin de limiter les risques de transmission.
Alors que la contamination rebondit chez ses voisins, la moyenne quotidienne de nouvelles contaminations en Italie ne dépasse pas les 1 350 cas depuis le 7 septembre dernier, selon les derniers chiffres publiés par le ministère de la Santé transalpin. Un résultat crucial pour ce pays, le premier en Europe à avoir été touché par le virus et aussi le plus durement frappé, les données officielles faisant état de 35 742 morts depuis la découverte du patient zéro le 22 février dernier.
Des mesures draconiennes
La péninsule a su tirer les leçons de cette période dramatique et fait maintenant figure de véritable exception auprès de ses voisins qui s’interrogent sur les raisons de cette situation. Pour le Dr Alessandro Vergallo, anesthésiste-réanimateur, « les pays confrontés à une reprise de la contamination n’ont peut-être pas véritablement tiré les enseignements nécessaires de l’expérience italienne en adoptant des mesures draconiennes dès le départ ».
Ces mesures draconiennes, c’est d’abord le confinement à l’échelle nationale du 9 mars au 4 mai dernier. Puis, la levée progressive de cette mesure et la palette de restrictions qui devraient rester en vigueur jusqu’à la commercialisation d’un vaccin contre le coronavirus malgré le coup rude infligé à l’économie italienne. Les prévisions globalement moroses parlent de récession avec une hausse du taux de chômage qui devrait frôler la barre des 12,4 % d’ici à la fin de l’année selon l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et une baisse du PIB (-3,1 %).
« Le choix rigoureux qui a été fait a été très douloureux sur le plan économique, mais il nous permet aujourd’hui de respirer alors que le reste de l’Europe et du monde sont en apnée », note le Dr Fabrizio Pregliasco, directeur d’établissement sanitaire et membre du comité scientifique de la Lombardie, la région italienne la plus touchée par le virus.
Le plan de prévention introduit par le gouvernement en août dernier a également contribué à aplanir la courbe des contaminations avec le traçage systématique des cas contacts, la réduction de la capacité d’accueil des transports en commun, la fermeture prolongée des stades partiellement rouverts la semaine dernière et celle des discothèques pendant tout l’été pour éviter les rassemblements.
Moins de tests qu'en France
Mais toutes ces mesures suffiront-elles à protéger l’Italie d’une remontée en flèche de la contamination ? Pas sûr, estime le Dr Emanuele Stramignoni, néphrologue dans un hôpital turinois inscrit dans la liste officielle des établissements Covid-19 durant l’épidémie, qui conteste le statut d’exception italienne : « on ne cherche pas suffisamment le virus, ce qui pourrait expliquer le nombre restreint de nouveaux cas de contaminations ».
Selon la Direction générale de la santé française, l’Hexagone réalise en moyenne un peu plus de deux tests pour 1 000 habitants par jour contre 0,97 en Italie. « Cette différence expliquerait pour le moins partiellement le décalage au niveau de nombre de nouveaux cas entre la France et l’Italie », conclut le Dr Stramignoni.
Après avoir été qualifiée « d’exemplaire » dans la lutte contre le coronavirus par l’OMS il y a quelques jours, l’Italie qui se sent encerclée, puisque la contamination rebondit autour d'elle, veut éviter de redescendre la pente. « Il fallait s’attendre à une vague à retardement dans certains pays, pourtant la situation italienne aurait dû servir d’exemple, ce qui malheureusement, n’a pas été le cas, le problème a peut-être été sous-évalué », estime le Dr Vergallo.
Pour limiter les risques, la péninsule vient d’introduire les tests obligatoires pour les voyageurs en provenance de Paris et de sept zones de l’Hexagone considérées véritablement à risque. Les restrictions ciblant l’interdiction de rassemblement restent également en vigueur notamment en ce qui concerne les compétitions sportives, les manifestations culturelles et les activités commerciales. D’autres mesures pourraient être dévoilées dans les prochains jours.
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