Avec son effectif de 11 558 patients, l'étude randomisée britannique Recovery est la plus puissante à ce jour à fournir des données sur l'utilisation du plasma de convalescents pour traiter les patients hospitalisés à la suite d'une infection par le SARS-CoV-2. Les résultats publiés le 14 mai dernier dans « The Lancet » ne sont pas bons : l'évolution clinique des 5 795 patients traités par plasma de convalescents n'était pas significativement différente de celle des 5 763 patients bénéficiant d'une prise en charge standard.
Les patients recrutés étaient âgés en moyenne de 63,5 ans et le délai de prise en charge par rapport à l'apparition des symptômes de 9 jours. Au moment de la randomisation, 5 % des patients bénéficiaient d'une assistance respiratoire mécanique, 92 % recevaient des corticostéroïdes et 87 % étaient sous oxygène.
Pas de différence de mortalité
Les patients du groupe traité par plasma ont majoritairement reçu deux unités de plasma, c’est-à-dire 275 ml de plasma dans lequel au moins 1 % des IgG détectés sont capables de neutraliser le SARS-CoV-2. Onze pour cent n'ont reçu qu'une seule unité et 9 % n'ont rien reçu. Il n'y avait pas de différence significative en termes de mortalité à 28 jours entre le groupe traité par plasma et celui traité par soins standards (24 % dans les deux groupes). Les auteurs précisent qu'à l'occasion d'une méta-analyse, ils ont constaté que le plasma de convalescents était associé à une diminution non statistiquement significative de la mortalité.
De même, la durée d'hospitalisation était similaire entre les deux groupes : 12 jours dans le groupe plasma contre 11 dans le groupe comparateur. Enfin, 29 % des patients des deux groupes ont dû être mis sous ventilation mécanique après l'initiation de leur traitement.
En ce qui concerne les effets secondaires, une réaction allergique sévère a été reportée chez 16 des patients traités par plasma de convalescents et chez 2 du groupe soins standards, soit moins de 1 % dans les deux cas. Il n'y avait pas non plus de différence significative en termes de risque d'arythmie sévère.
« Nos résultats sont homogènes, quels que soient l'âge, le sexe, l'ethnie ou le temps écoulé entre le début des symptômes et la randomisation », précisent les auteurs.
Des lots de plasma homogènes
« Il a été suggéré que le bénéfice du plasma de convalescents dépend du site de prélèvement et de transfusion, poursuivent-ils. Dans l'essai Recovery, l'intégralité du plasma utilisé provenait du service national de transfusion sanguine du Royaume-Uni et les donneurs ont été choisis sur la base de la forte concentration en IgG dirigés contre la protéine Spike », ce qui limite le risque de lots de plasma hétérogènes ou de mauvaise qualité.
L'étude Recovery a commencé avant l'émergence du variant dit B.1.1.7, aussi appelé « variant britannique », mais les auteurs n'ont pas constaté de différence significative avant et après l'apparition du variant.
Il reste que Recovery n'intègre que des patients admis à l'hôpital : l'étude ne permet ni de conclure pour les patients traités en ambulatoire, ni d'exclure un bénéfice éventuel de la plasmathérapie avant l'apparition des symptômes. « Cette question n'a pas encore été explorée dans des études robustes », concèdent les auteurs.
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