Contamination Covid dans les écoles : un effet mineur selon plusieurs études

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Publié le 31/03/2021

Crédit photo : S.Toubon

Alors que le président devait s’exprimer sur le sujet ce mercredi 31 mars, et alors que des personnalités comme la maire de Paris Anne Hidalgo, le Pr Antoine Flahault, directeur de l’Institut de santé globale de l’université de Genève, ou la présidente de la région Île-de-France Valérie Pécresse demandent la fermeture des écoles, plusieurs études concluent au faible rôle de l’école dans la dynamique de l’épidémie de Covid-19.

Ainsi, les données préliminaires de l’étude Vigil, menée sur 4 000 élèves par l’Observatoire national de la prise en charge des jeunes enfants malades en collectivité ou non, indiquent que sept à huit fois sur dix, la contamination des enfants a lieu dans la famille et non pas en collectivité.

Les données concordantes en Angleterre et aux États-Unis

Ces résultats rejoignent ceux publiés le 21 mars 2021 par des médecins britanniques de l’agence Public Health England dans le « Lancet Infectious Diseases ». Les auteurs avaient estimé que le taux de contamination au sein du personnel et des élèves en Angleterre était inférieur à ce qui est observé dans la communauté.

Ils ont réalisé une étude transversale à partir des données de la sécurité sociale anglaise sur la période du 1er juin au 17 juillet 2020, c’est-à-dire la période qui a suivi la réouverture des écoles au Royaume-Uni. Leurs données portent sur 38 000 écoles maternelles, 15 600 écoles primaires et 4 000 lycées, avec une fréquentation médiane de 928 000 élèves par jour.

Un total de 113 cas de Covid-19 par jour en moyenne a été documenté pendant la période, répartis dans 55 foyers épidémiques. Le risque d’apparition d’une chaîne épidémique dans un établissement scolaire a augmenté de 72 % à chaque fois que l’incidence a augmenté de cinq cas pour 100 000 personnes en population générale. L’incidence était plus élevée au sein des membres du personnel enseignant (27/100 000 par jour) que parmi les élèves (18/100 000 dans les écoles maternelles, 6/100 000 dans les écoles primaires et 6,8/100 000 dans les lycées). La plupart des 210 cas liés à des chaînes de contamination à l’intérieur de l’école étaient recensés chez les membres du personnel.

Les auteurs britanniques estiment que ces données plaident en faveur de clusters peu fréquents dans les écoles et que les efforts doivent avant tout être concentrés sur le contrôle de l’épidémie dans la communauté en dehors de l’école. L’augmentation des cas dans les écoles étant, selon eux, le reflet de l’augmentation de l’épidémie et non sa cause.

Une étude de modélisation portant sur une population simulée de 1 million de personnes en Ontario (Canada) et parue dans le « JAMA Network Open » conclut en ce sens, en mettant en évidence un faible impact de l’ouverture des écoles dans l’incidence des cas de Covid par rapport aux autres mesures communautaires.

Selon une autre étude publiée dans le « Journal of School Health », il serait possible d’accueillir les élèves avec des mesures de protection appropriées. Les auteurs ont étudié ce qui s’est passé dans deux écoles qui ont procédé à un dépistage régulier des élèves et du personnel et mis en place l’obligation du port du masque et de la distanciation physique, ainsi qu’un protocole de contact tracing. Au cours du semestre étudié, le taux de reproduction du virus était de 0,5 dans ces deux écoles, et aucun cas de transmission élève-professeur n’a été observé.

Les sociétés savantes persistent et signent

La Société française de pédiatrie (SFP), la Société française de pédiatrie médico-légale (SFPML), le Groupe de Pathologie infectieuse pédiatrique (GPIP) et le Conseil national professionnel de pédiatrie (CNPP) se sont emparés de ces résultats pour renouveler leur position en faveur du maintien de l’ouverture des écoles.

Si les sociétés savantes reconnaissent « l’augmentation observée chez les enfants », elles insistent sur le fait qu’« en proportion, les enfants restent moins infectés que les adultes, même avec les variants ». Les spécialistes de la pédiatrie précisent aussi que les tests salivaires, qu’ils estiment encore trop peu répandus, confirment que les enfants, et plus généralement toutes les personnes fréquentant l’école, ne sont pas les transmetteurs asymptomatiques de la troisième vague.

Selon le récent bulletin de l’Éducation nationale, seulement 0,49 % des 200 404 tests réalisés du 15 au 22 mars dans les écoles étaient positifs. « Le Covid-19 chez l’enfant reste bénin, les formes nécessitant une hospitalisation sont exceptionnelles, même depuis la circulation du nouveau variant, insistent les sociétés savantes. Les enfants de 0 à 14 ans représentent 0,3 % des hospitalisations en semaine 11 (données Santé publique France). […] Il nous semble que la fermeture des écoles ne peut s’envisager que si les mesures plus efficaces sont déjà en place : isolement strict et test en cas de symptômes, confinement vrai, télétravail systématique, fermeture des commerces non alimentaires… Fermer les écoles, c’est la dernière mesure à prendre, quand toutes les autres ont échoué ».

Pour sa part, la Société française de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent et disciplines associées (SFPEADA) a un avis moins tranché. Dans un communiqué publié aujourd’hui, la société savante estime qu’il n’y a « pas de bonne solution » à la crise actuelle, et que si un nouveau confinement doit impliquer la fermeture des écoles, alors un certain nombre de conditions doivent être rassemblées : un allongement exceptionnel de l’année scolaire avec fin des cours repoussés fin juillet 2021, un renforcement des capacités de prévention et de soins urgent en psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, la mise en place de campagnes d’information sur la souffrance psychologique, la dépression et les idées suicidaire sous forme de spots à la télévision et à la radio, et enfin un discours clair avec des perspectives pour les enfants et adolescents.


Source : lequotidiendumedecin.fr