Dans quelques études, la consommation de poissons riches en oméga-3 a été associée à une moindre incidence de l'asthme. Néanmoins les travaux testant le possible bénéfice d'une supplémentation en acides gras oméga-3 sur le contrôle de la maladie asthmatique sont rares et non concluants. Ce nouvel essai (1) porte sur des adolescents et jeunes adultes asthmatiques et en surpoids ou obèses : le contrôle de la maladie est en effet plus difficile dans cette tranche d'âge. De plus, le surpoids, comme l'obésité, sont associés à un état inflammatoire… alors que les oméga-3 exercent une activité anti-inflammatoire. Malgré tout, les résultats sont décevants.
Un essai contrôlé sur 6 mois
Cet essai contrôlé randomisé multicentrique en double aveugle comparait un apport en huile de poisson (4 g/j) à un apport contrôle en huile de soja. Il portait sur une centaine d'adolescents/jeunes adultes asthmatiques, dont l'asthme était mal contrôlé. Ils ont été randomisés en proportion 3/1 : 77 dans le groupe oméga-3, 21 dans le bras contrôle.
Ce sont des jeunes d'âge moyen 15 ans, avec un IMC moyen de 33 kg/m2. Leur score au questionnaire de contrôle de l'asthme (Asthma Control Questionnaire : ACQ ) moyen à l'inclusion est à 1,6 et leur score au test de contrôle de l'asthme (Asthma Control Test, : ACT) est à 16,8. Tous sont lourdement traités et 80 % rapportent des allergies.
Le critère primaire porte sur le contrôle de la maladie, en fonction de l'évolution à 6 mois du score ACQ. Les symptômes ont aussi été évalués avec l'ACT. Plusieurs critères secondaires ont par ailleurs été examinés : la numération leucocytaire, le taux en oméga-3/oméga-6, l'excrétion urinaire en leukotriène-E4, la spirométrie et les exacerbations.
Pas d'amélioration du contrôle
Bien que les participants aient manifestement été observants, vu l'élévation dans le sang des taux d'oméga-3, l'étude n'est pas concluante. À 3 mois et 6 mois, le contrôle de la maladie asthmatique n'est pas amélioré, ni la fonction pulmonaire. Il n'y pas de différence significative entre les groupes, ni d'évolution significative par rapport au scores initiaux de l'ACQ et l'ACT. La spirométrie n'a pas évolué. On n'a pas observé non plus de différence en termes d'exacerbations sévères, de visites aux urgences pour asthme ni de changements de traitement.
Le seul point positif est que, dans le bras oméga-3, les patients ont moins souvent téléphoné à leur pneumologue : effet du hasard ou relatif à un léger impact sur les symptômes ? Difficile de conclure définitivement.
(1) Lang JE et al. Fish Oil supplementation in Overweight/Obese Patients with Uncontrolled Asthma: a Randomized Trial. Annals of ats 2019;25 janvier
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?