Il y eut un temps sans épisiotomie, avec des déchirures périnéales parfois étendues jusqu’aux sphincters anal et urinaire, laissant de lourdes séquelles – incontinence urinaire et/ou fécale et dyspareunie. La césarienne restait d'exception et les forceps souvent nécessaires, aggravant le risque de lésions périnéales.
L'apparition du geste a permis de mieux contrôler l’incision, évitant l’extension aux sphincters et avec une plaie plus nette. Mais comme souvent, une pratique bienvenue dans certains cas va devenir quasi systématique, dans les années 70. Et, malgré des critiques de plus en plus nombreuses, en 2006 l’épisiotomie est encore réalisée dans 45 % des accouchements. Entre-temps, la césarienne a affirmé sa place, diminuant le recours à des extractions instrumentales invasives. Le CNGOF se positionne alors pour réduire le taux d'épisiotomies qui passe, 10 ans plus tard, à 20 % des accouchements par voie basse.
Vient alors le temps des détracteurs de l’épisiotomie, prônant son bannissement complet. Prises entre deux feux, les femmes… qui désormais ont aussi cessé de tout accepter au motif que « c’est pour leur bien ou celui de leur enfant », et s’estiment autorisées à demander des explications sur des gestes ou les risques qu’elles encourent.
Alors peut-être est venu maintenant le temps de la raison, avec les nouvelles recommandations élaborées par le CNGOF, qui gardent des indications à l’épisiotomie – fragilité du périnée, extraction instrumentale, très « gros » bébé, éventuellement extraction du second jumeau –, tout en reconnaissant qu’elle ne doit pas être « préventive », et qu’elle est inutile dans les accouchements normaux y compris par le siège.
Mais, si le consentement libre et éclairé des patientes ne devrait plus faire de doute, le moment précis où se décide l’épisiotomie n’est guère favorable à une information exhaustive. C’est bien avant, dès le 4e mois de grossesse qui semble idéal pour parler à la future mère d’une éventuelle épisiotomie, lui laissant le temps d’y réfléchir et de poser ses questions.
Pizzoferrato AC, Ducarme G, Jacquetin B, Fritel X. Recommandations du CNGOF pour la pratique clinique : Prévention et protection périnéale obstétricale. Introduction, objectif, méthode, définitions, organisation, et limites.
https://ansfl.org/document/cngof-2018-prevention-et-protection-perineal…
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