Dans le cadre de son projet de loi visant à lutter contre les « séparatismes », dont les grandes lignes ont été présentées ce 2 octobre par le président de la République, Emmanuel Macron, l’exécutif souhaite pénaliser la délivrance des certificats de virginité, réalisés par des médecins à la demande de jeunes femmes ou de familles, souvent avant un mariage religieux.
« Certains médecins osent encore certifier qu'une femme est vierge pour permettre un mariage religieux, malgré la condamnation de ces pratiques par le Conseil de l'Ordre des médecins », déclarait, début septembre, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, dans un entretien au « Parisien ».
Une pratique « devenue rare »
La mesure divise les soignants. D’un côté, le Collège national des gynécologues français (CNGOF) souhaite l’interdiction de ces « parchemins humiliants » pour les femmes. « S'il n'y a plus personne pour établir un tel certificat », les femmes qui le réclament « ne subiront pas de violences », souligne son président le Pr Israël Nisand, soulignant que la pratique est « devenue rare ».
De l’autre, des praticiens confrontés à la problématique estiment qu’il s’agit de « protéger » les femmes concernées. « Évidemment, nous sommes tous contre le certificat de virginité ! La problématique, ce n'est pas le certificat mais la fille en détresse qui vient le demander, juge le Dr Claude Rosenthal, président de Gynécologie sans frontières. On ne verra plus en consultation ces filles qui ont besoin d'aide. »
« Ce n'est pas le certificat qui les aide, c'est surtout un moyen de lever la pression de la famille, et ça peut aussi permettre de faire un signalement au procureur », ajoute la Dr Emmanuelle Piet, présidente du Collectif féministe contre le viol et membre du Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes.
« Écouter les femmes, plus important que de punir les médecins »
Pour la Dr Ghada Hatem, fondatrice de la Maison des femmes à Saint-Denis, cette pénalisation n'a « pas de sens » : « Écouter les femmes qui en font la demande est plus important que de punir les médecins », a-t-elle estimé sur le plateau des « Grandes Gueules » de RMC, début septembre.
Le projet de loi contre les « séparatismes » doit être finalisé d'ici à la mi-octobre pour une présentation en conseil des ministres début décembre et un débat au Parlement au premier semestre 2021.
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