« Cette baisse de la mortalité maternelle qui est solide, est le résultat des recherches épidémiologiques et cliniques, qui ont abouti à des recommandations sur les pratiques cliniques prises au cours des 15 dernières années », commente la chercheuse Marie-Hélène Bouvier-Colle, Directeur de recherche émérite de l’Inserm, Unité U953 « Recherche épidémiologique en santé périnatale et santé des femmes et des enfants », qui coordonne le rapport. Par « mort maternelle », il faut comprendre « le décès survenu au cours de la grossesse ou dans un délai de 42 jours à un an après la fin de la grossesse, pour une cause quelconque déterminée ou aggravée par la grossesse ou les soins qu’elle a motivés, mais ni accidentelle ni fortuite. »
De 2007 à 2009, 254 décès maternels ont été identifiés, 85 par an en France, ce qui donne un taux de mortalité maternelle de 10,3 pour 100 000 naissances vivantes.
Le rapport présente les données sur les causes des morts maternelles. Au premier rang figurent les hémorragies obstétricales (18 % des décès), puis, ce qui est relativement nouveau, les embolies pulmonaires (11 %) et les complications de l’hypertension (9 %). Le grand changement concerne le pourcentage des hémorragies du post-partum, indiquent les experts, qui a diminué de moitié depuis le dernier rapport (8 % contre 16 % en 2004-2006). « Un résultat encourageant, fruit des actions menées depuis les années quatre-vingt-dix », souligne Marie-Hélène Bouvier-Colle. « La France a un taux comparable à celui des pays européens voisins disposant d’un système renforcé d’étude (encadré), et présente une situation favorable par rapport aux Pays-Bas et aux États-Unis où le taux est en hausse », expriment les auteurs.
Les facteurs de risque
L’âge est l’un des plus importantsfacteurs de risque. Plus de 50 % des décès concernent des femmes âgées de 30 et 39 ans et le risque apparaît nettement augmenté après 35 ans, ce qui s’explique par le fait que les grossesses se déroulent à des âges de plus en plus élevés.
La nationalité maternelle intervient : les femmes originaires d’Afrique subsaharienne ont le taux de mortalité maternelle le plus élevé (22,4/100 000). Les taux varient aussi selon les régions de France, avec des chiffres plus hauts dans les départements d’outre mer (32,2/100 000) et en Île de France (12,5). Les autres facteurs de risque sont l’obésité et les grossesses multiples.
Toutefois l’amélioration doit encore se poursuivre, puisque 54 % de ces décès ont été considérés comme « évitables » : erreur ou retard du diagnostic, inadéquation ou retard de la thérapeutique, négligence de la patiente… Ce taux est stable dans le temps.
Enfin, les soins ont été considérés comme « non optimaux » (non conformes aux recommandations et pratiques) pour 60 % des décès expertisés, même s’il y a une baisse significative depuis 1998.
Les auteurs du rapport émettent 20 recommandations (encadré) et une information pour la patiente lors de son retour à domicile, sur les accidents thromboemboliques veineux et artériels, mesure dont le Pr Gérard Lévy (Président du Comité national d’experts) souligne l’importance, « d’autant que le retour à domicile est de plus en plus précoce ».
Rapport du Comité National d’experts sur la Mortalité Maternelle 2007-2009, consultable sur le site de l’Inserm.
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