Alors que se déroule aujourd’hui la Journée mondiale de la prématurité, une étude américaine publiée dans le « Journal of Perinatology » pointe du doigt la forte exposition des enfants prématurés aux phtalates, ces composés plastiques (DEHP) présents dans certains dispositifs médicaux. Cette publication souligne que la France sera en juillet 2015 le premier pays à interdire le matériel contenant des phtalates dans les services de néonatalogie, pédiatrie et maternités.
À l’échelon européen, un rapport préliminaire sur la sécurité d’utilisation des phtalates dans le matériel médical avait été moins radical dans ses conclusions rendues en septembre dernier, en recommandant de mettre en balance les bénéfices attendus du remplacement avec les avantages procurés par le plastique en thérapeutique. Les phtalates assurent en effet plus de souplesse au plastique, ce qui rend le matériel plus facile à manier pour les professionnels et plus confortables pour les patients, avec un risque moindre de lésion traumatique tissulaire.
Des inquiétudes pour le système reproductif
Même si le risque des phtalates n’est pas avéré chez l’homme, il existe de fortes présomptions chez l’animal pour que ces plastiques altèrent la santé du système reproductif et entraînent des problèmes d’infertilité. Les phtalates pourraient aussi altérer le développement normal au niveau des poumons, de l’estomac, du cerveau et des yeux. Les autorités de régulation européennes ont par ailleurs classé les phtalates en tant qu’agents « possiblement carcinogènes » chez l’humain.
Un niveau d’exposition massif en réanimation
Les récentes recherches de la John Hopkins Bloomberg School of Public Health se distinguent des précédentes en s’étant concentrées sur le niveau potentiel d’exposition aux phtalates lié au matériel médical plutôt que sur la mesure urinaire du composé chez les nourrissons. Leur étude fait ressortir que les enfants prématurés ventilés peuvent être exposés à des taux de 16 mg/kg/jour, soit 4 000 à 160 000 fois plus que les bébés sains. L’auteur principal, le Dr Eric Mallow, s’inquiète du fait que les prématurés évoluent dans un environnement presque entièrement fait de plastique. « Le rôle de ces matériaux synthétiques dans l’évolution clinique de ces patients reste presque complètement inexploré. Le PVC est le plastique flexible prédominant dans la plupart des réanimations néonatales, et cela peut se traduire par des expositions considérables aux phtalates en soins intensifs. » Ces considérations préoccupantes pourraient faire que d’autres pays tels que le Royaume-Uni emboîtent le pas à la France plus vite que prévu.
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