DE NOTRE CORRESPONDANTE
LA MYOPIE est le trouble oculaire le plus fréquent (affectant 20 % des jeunes adultes en Europe et 80 % des jeunes adultes chinois de Singapour et Taïwan) et les formes sévères peuvent aboutir à la cécité.
Elle résulte le plus souvent d’une forme trop longue de l’œil.
Des facteurs génétiques et environnementaux (urbanisation, travail de près) contribuent au développement de la myopie. Cependant, bien que l’héritabilité génétique puisse atteindre 80 %, il est apparu difficile d’identifier des gènes liés à une susceptibilité.
Voilà qui est fait : des gènes candidats liés au risque de myopie ont été identifiés dans deux études d’association génomique.
Hysi et coll. ont étudié dans un premier temps l’ADN de 4270 individus d’une cohorte britannique (Twins UK), et ont identifié des variants SNP sur le chromosome 15q25 associés à l’erreur réfractive ; ils ont ensuite confirmé cette association dans 6 cohortes adultes d’origine européenne (13 414 individus hollandais, britanniques et australiens).
Le locus 15q25 contient le site de transcription du gène RASGRF1, un gène fortement exprimé dans les neurones et la rétine et jouant un rôle crucial dans la fonction rétinienne et la consolidation de la mémoire.
En faveur du rôle de ce gène dans la myopie, les chercheurs ont constaté que les souris KO déficientes en RASGRF1 (RASGRF1 -/-) présentent un cristallin épaissi, ce qui devrait causer une erreur réfractive.
« Le gène RASGRF1 procure un nouveau mécanisme moléculaire à explorer, de façon à ce que nous puissions travailler à prévenir la myopie », déclare dans un communiqué le Pr Terri Young de l’université Duke à Durham (États-Unis), premier cosignataire de l’étude avec le Dr Hysi. La myopie pourrait se prêter à la réparation génique, laisse-t-il entrevoir. « L’œil est déjà un organe de choix pour la thérapie génique », souligne-t-il. « De plus, l’accessibilité de l’œil permet de surveiller les effets du traitement par méthodes non invasives. »
Solouki et coll. ont conduit une étude génomique d’association chez 5 328 individus hollandais (étude de Rotterdam) et ont identifié sur 4 loci (15q14, 14q24, 1q41, 10q12) une trentaine de variants SNP associés à l’erreur réfractive ; ces variants ont ensuite été évalués dans une étude de réplication portant sur 10 280 individus de 4 cohortes européennes (hollandaises et britannique).
Résultat, ils ont identifié un locus de susceptibilité sur le chromosome 15q14, près de 2 gènes candidats exprimés dans la rétine, GJD2 (ou connexine 16) et ACTC1, et pouvant contenir des séquences régulant la transcription de ces gènes. GJD2 est particulièrement intéressant car il encode une connexine spécifiquement neuronale qui pourrait jouer un rôle dans la régulation de la croissance de l’œil et dans la maturation des fibres du cristallin.
Glaucome primaire à angle ouvert.
Le glaucome, une neuropathie optique dégénérative, est la principale cause de cécité irréversible. Le glaucome primaire à angle ouvert (GPAO), la forme la plus fréquente, est d’étiologie multifactorielle avec une composante génétique hétérogène.
Thorleifsson (deCODE génétiques, Islande) et coll. ont conduit une étude génomique d’association pour le GPAO chez 1 260 individus affectés (cas) et 34 900 témoins d’Islande. Ils ont ainsi identifié un variant situé sur le chromosome 7q31 associe au risque de GPAO.
Cette association a été confirmée dans une étude de réplication auprès de 3 séries de cas témoins d’origine européenne (2 175 cas et 2 064 témoins de Suède, du Royaume-Uni et d’Australie) et auprès d’une série de cas témoins chinois (299 cas et 580 témoins de Hong-Kong et Shantou).
Le variant est fréquent chez les Européens ; 6 % de la population européenne portent les deux copies du variant à risque, ce qui leur confère 60 % plus de risque de développer le glaucome en comparaison de ceux qui n’en portent aucune.
L’impact du variant chez les chinois est bien plus élevé. Tandis que le variant à risque n’est porte que par moins d’1 % de la population chinoise, chaque copie confère 5 fois plus de risque de développer le glaucome.
Le variant est situe près des gènes CAV1 et CAv2 qui encodent les cavéolines 1 et 2, des protéines de membranes exprimées dans le réseau trabéculaire qui draine le liquide de l’oeil, ainsi que dans les cellules ganglionnaires rétiniennes.
« La clé pour réduire l’impact personnel et l’impact de santé publique du glaucome est la précocité du diagnostic et du traitement », souligne dans un communiqué le Dr Kari Stefansson, directeur de deCODE et principal auteur de l’étude. « Les découvertes comme celle d’aujourd’hui sont importantes car on peut les incorporer directement dans des tests pour cibler le dépistage et pour détecter et traiter plus tôt la maladie. De plus, chez les Chinois ce dernier variant unique définit une petite fraction de la population qui devrait être dépistée avec grand soin. »
Nature Genetics, Hysi, Hammond et coll., Solouki, Klaver et coll., Gudmar Thorleifsson et coll., DOI: 10.1038/ng.661, DOI: 10.1038/ng.663, DOI: 10.1038/ng.664.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024