L’institut Gustave Roussy, Roche, Pharma et la Foundation Medicine (une organisation appartenant à Roche mais autonome dans sa gérance) ont annoncé un partenariat public-privé visant à centraliser, structurer et étendre l’analyse génomique par biopsie liquide des patients atteints de cancer en France.
Dans le détail, l'accord prévoit de confier à Gustave Roussy la tâche de réaliser la totalité des profilages génétiques réalisés en France à l'aide du test FoundationOne Liquid CDx commercialisé par Roche. Jusqu'à présent, ces profilages étaient tous réalisés en Allemagne.
Il s'agit du premier partenariat de ce type en France, dans lequel une entreprise privée fait d'un organisme public l'opérateur unique d'une de ses technologies. « C'est aussi un moyen de donner à la France une autonomie stratégie dans le domaine du soin », souligne le président de Roche Pharma France, Jean-François Brochard.
Une plateforme d'analyse de test va donc voir le jour au sein de Gustave Roussy. Au cours d'une conférence de presse, les parties prenantes ont dit vouloir investir de manière équitable, en termes de matériel, ressources humaines ou encore de consommables, pour que cette plateforme puisse fonctionner, sans entrer davantage dans les détails.
La cheville ouvrière du traitement personnalisé
La biopsie liquide repose sur l’analyse de l’ADN tumoral circulant et consiste à rechercher des mutations particulières afin d'orienter le patient vers une option thérapeutique personnalisée. En particulier, les patients atteints de cancer métastatique sont les plus à même d'en bénéficier. « On estime que deux tiers des cancers avancés ou métastatiques sont porteurs d'anomalies moléculaires, et que 30 à 35 % de ces anomalies sont "actionnables", c’est-à-dire que l'on peut s'en servir pour lutter contre la pathologie », ajoute le Pr Fabrice Barlesi, directeur général de Gustave Roussy.
Le test FoundationOne Liquid CDx est en mesure d'analyser 324 gènes liés au cancer pour rechercher les altérations génomiques. « L'enjeu est de fournir des données génomiques en une quinzaine de jours, via un test peu invasif », explique le Pr Barlesi.
« Nous sommes passés du traitement universel à la thérapie ciblée, nous devons maintenant passer au traitement personnalisé grâce aux données de santé et à leur analyse avancée », poursuit-il. À terme, les initiateurs du projet estiment que la biopsie liquide va prendre une place croissante dans la prise en charge des cancers métastatiques. « Cela ne signifie pas que l'analyse tissulaire est destinée à disparaître, prévient le Pr Barlesi. Elle garde sa place, en particulier pour les analyses histologiques. »
Algorithmes de décision pour les RCP
Jusqu’à 200 000 patients, sur les 430 000 cancers diagnostiqués chaque année, auraient besoin d'un profilage génomique chaque année en France, « y compris dans des zones géographiques où l’accès y est plus difficile, détaille le Pr Barlesi. Si à terme, notre plateforme devrait être en mesure d'analyser 100 000 patients par an, notre premier objectif à moyen terme est de10 000 patients par an. »
Pour Gustave Roussy, même cette étape représente un bond en avant, en comparaison des 50 à 60 analyses génomiques qu'ils réalisent actuellement chaque semaine. Aussi le mode de fonctionnement des réunions de concertations pluridisciplinaires (RCP) dans lesquelles est décidé le recours aux biopsies liquides devra aussi être revu. « Nous allons augmenter la capacité des RCP avec des nouveaux outils comme des algorithmes de décision », explique le Pr Antoine Italiano, directeur du programme de médecine de précision à Gustave Roussy.
La plateforme devrait être opérationnelle en 2024 selon les signataires. La biopsie liquide fait aujourd'hui l'objet d'une prise en charge via le référentiel des actes innovants hors nomenclature de biologie et d’anatomopathologie (RIHN).
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