Le SII, est actuellement défini (critères de Rome IV depuis 2016) par l’association de douleurs abdominales et de troubles du transit (> 1 jour/semaine sur les 3 derniers mois) avec une ancienneté de 6 mois.
Difficile de cerner les mécanismes en cause et de prédire l’efficacité d’un traitement chez un patient donné (médicaments, probiotiques, hypnose, activité physique ?). Pour 2/3 des patients, les symptômes semblent intimement liés aux aliments, d’où l’engouement pour les régimes, une solution apparemment idéale « saine et naturelle » (sans lactose, sans gluten, pauvre en FODMAPs…).
Vous avez dit pauvre en FODMAPs ?
L’acronyme FODMAPs pour « Fermentable Oligo-, Di-, Mono-saccharides And Polyols » a été déposé par la MONASH University (Australie), qui est à l’origine de ce régime.
Chez certains patients souffrant de SII, les hydrates de carbone normalement absorbés dans l’intestin grêle proximal peuvent être malabsorbés et provoquer ballonnements et flatulences (par fermentation), douleurs abdominales (par distensions majorées par une hypersensibilité viscérale) et une diarrhée (par effet osmotique) comme celle provoqué par une orgie de cerises qui contiennent du fructose.
L’équipe de la MONASH a montré (1) sur une petite série (30 malades, 8 sujets sains) que le régime améliorait 70 % des patients et le recommande « en première intention » proposant aussi des produits dérivés pour aider les patients à le suivre (cf. www.monash.edu).
Aucune donnée à grande échelle
Dans une étude randomisée réalisée chez 75 patients, des auteurs suédois (2) ont montré qu’à 1 mois, ce régime n’est pas plus efficace que des conseils diététiques de base, plus simples à suivre. Dans une autre étude (3) avec 131 patients et un suivi de 16 mois, seuls 1/3 le suivait parfaitement car difficile, trop cher ou sans saveur et 29 % des patients perdaient du poids. « Ce régime qui élimine beaucoup d’aliments est contraignant. Il doit être testé 1 mois sérieusement pour voir s’il est efficace avant de tenter de l’élargir », indique le Pr Jean-Marc Sabaté, gastro-entérologue à l’hôpital Avicenne, Bobigny.
Les formes de SII avec diarrhée, et un microbiote favorisant les fermentations semblent être des facteurs prédictifs de réponse à ce régime qui peut lui-même induire une dysbiose au long cours.
En France, aucune étude n’a évalué l’intérêt de ce régime ou même la consommation en FODMAPs qui est de l’ordre de 16 g par jour dans les études australienne et suédoise. C’est l’objet de l’étude réalisée actuellement par le Pr Sabaté et l’association de patients souffrant de SII (www.apssii.org) pour préciser les liens entre symptômes digestifs et apports alimentaires (dont les FODMAPs) calculés avec une application smartphone développée par une startup (Alantaya). « Ce type d’outils pourrait permettre de prodiguer des conseils adaptés à titre individuel », note-t-il.
Une alternative aux régimes
En 2017, l’équipe du Pr Vassilia Theodorou (Directrice d’équipe INRA) a présenté aux JFHOD en communication orale (CO.55) des travaux de recherche fondamentale sur les mécanismes : « Nous avons montré que chez la souris déficiente en lactase le lactose (un des FODMAPs) peut induire la production de métabolites de fermentation bactériens toxiques, comme des aldéhydes (qui par glycations oxydantes génèrent une hypersensibilité viscérale). En intervenant sur le microbiote on pourrait dégrader ces produits toxiques… », suggère-t-elle.
(1) Halmos E.P. et al., Gastroenterology 2014,146:67-75
(2) Bohn et al., Gastroenterology 2016
(3) Magaard L. et al., World J Gastroenterol. 2016
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