Le Quotidien du Médecin. Quel est le principe de la vidéo-capsule endoscopique ?
Dr Jean-Christophe Létard. « La vidéo-capsule endoscopique permet l'exploration de l'appareil digestif, sans acte invasif et sans anesthésie générale. C'est un bel outil d'aide au diagnostic qui a suscité beaucoup d'enthousiasme.
La capsule, de la taille d'une grosse gélule (31 X 11 mm) est ingérée par le patient où elle poursuit son cheminement naturel : œsophage, estomac, intestin grêle, gros intestin et colon tout en prenant des images.
Pour l'exploration de l'intestin grêle, la capsule possède une caméra numérique et pour le côlon, elle en possède deux, une à chaque extrémité.
Pour l'intestin grêle, la préparation peut être minime alors que pour le côlon, elle doit être très rigoureuse. Le patient arrive à jeun, le matin de l'examen, des capteurs externes sont posés sur l'abdomen et le patient porte en ceinture un boîtier d'enregistrement. L'endoscopie par vidéo-capsule dure environ 8-10 heures. En fin d'examen, les images stockées par l'enregistreur sont visionnées par le médecin. La capsule, elle, est éliminée naturellement dans les 24-48 h. »
Quelles sont les indications de l'examen de l'intestin grêle ?
« La vidéo-capsule a d'abord été utilisée pour l'exploration des zones difficiles, voire impossibles à atteindre de l'intestin grêle.
C'est aujourd'hui un examen endoscopique de référence qui permet d'analyser l'intestin grêle de façon fiable.
Deux indications sont reconnues et remboursées : les saignements digestifs occultes après bilan par gastroscopie et coloscopie négatif (consécutifs à une anémie ferriprive le plus souvent) et la suspicion de maladie de Crohn, localisée à l'intestin grêle après une endoscopie négative et un bilan biologique/clinique évocateur. »
Quelles sont les caractéristiques de la vidéo-capsule colique ?
« La vidéo-capsule colique est une technique intéressante. Les photos sont prises à un rythme variable en fonction de la vitesse de progression de la capsule : elle peut prendre de 4 à 35 images par seconde.
La vidéo-capsule colique se met en veille, juste après l'ingestion pendant son passage dans l'estomac et le grêle, pour être opérationnelle lors de son passage dans le colon. Afin de ne pas trop prolonger la durée de transit de la capsule dans l'intestin grêle, l'administration d'un liquide « booster » en début d'examen est nécessaire. Le booster utilisé est généralement composé de phosphates de sodium (Fleet) mais il présente un risque potentiel de néphropathie. Il est préférable d'étudier d'autres « boosters potentiels » tel le laxatif osmotique Izinova, par exemple utilisé aux États-Unis (Suprep). La préparation doit être la plus parfaite possible (régime sans résidus, préparation colique). La vidéo-capsule du côlon peut être proposée en cas de contre-indication relative ou temporaire à une coloscopie conventionnelle (contre-indication à l'anesthésie générale en particulier : pour les patients qui ont fait une embolie pulmonaire, un infarctus il y a moins de 6 mois, ou en attente de greffe…) ou en cas de coloscopie incomplète. Elle peut également être réalisée chez des patients qui refusent la coloscopie. Elle n'est pas remboursée.
La vidéo-capsule colique est encore en cours d'évaluation et de validation : son coût est un frein à son développement. Des améliorations techniques sont nécessaires, notamment en ce qui concerne la préparation du côlon à l'examen.
En France, la stratégie de dépistage du cancer colique est peu satisfaisante. Le cancer du côlon est responsable d'un mort toutes les 30 minutes. Le dépistage par Hémoccult a ses limites. Si on augmentait de 30 % le nombre d'examens endoscopiques, on diminuerait de 50 % le nombre de décès.
Nous plaidons pour une politique multimodale pour que les patients choisissent ce qu'ils veulent tout en étant parfaitement informés des performances de chaque méthode.
La vidéo-capsule pan-digestive, capsule digestive totale pour un examen complet de l'intestin grêle et du côlon est en cours de développement. »
D'après un entretien avec le Dr Jean-Christophe Létard (Hépato-gastro-entérologue à Poitiers).
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