Est-il plus facile de voyager à travers plusieurs fuseaux horaires avec dans ses bagages une insuline basale de plus longue durée d’action, quand on est atteint de diabète de type 1 (DT1) ?
C’est la question posée par cette étude pilote randomisée, qui a comparé la dégludec vs la glargine U100 lors de voyages long-courriers entre Hawaï et New York, chez des DT1 adultes en multi-injections quotidiennes (1).
L’insuline dégludec a été administrée quotidiennement à la même heure, quel que soit le fuseau horaire, et la glargine U100 a été administrée selon l’algorithme de voyage. Le critère de jugement principal était le temps passé dans la cible glycémique (TIR [70-140] mg/dL) au cours des 24 premières heures après chaque sens de déplacement. Les critères secondaires ont suivi les mesures standards de la mesure continue du glucose (MCG), le décalage horaire, la fatigue et le sommeil.
Dans cette étude pilote, 25 participants ont été étudiés, dont 56 % de femmes, d’âge moyen 35 ± 14,5 ans, avec une HbA1c de 7,4 ± 1,2 % et durée du diabète de 20,6 ± 15 ans.
À l’arrivée, il n’y avait aucune différence significative dans les résultats glycémiques entre les deux bras de l’étude : le TIR, les hypoglycémies ou les hyperglycémies. Aucun des deux groupes n’a atteint un TIR > 70 % pendant le voyage. Le décalage horaire était plus important sous glargine U100 dans les déplacements vers l’est mais pas vers l’ouest. La fatigue était plus grande après un voyage vers l’ouest sur glargine. Le sommeil n’était pas significativement différent entre les insulines basales.
Au total, on peut donc retenir que chez ces adultes atteints de diabète de type 1 en multi-injections et voyageant à travers plusieurs fuseaux horaires, les résultats glycémiques étaient similaires sous insuline dégludec vs la glargine U100.
Des conseils plus simples ?
La gestion de l’insulinothérapie en multi-injections (basal-bolus) durant les voyages long-courriers qui impliquent de changer plusieurs fois de fuseau horaire est souvent délicate et difficile à expliquer aux patients. Le fait de disposer d’une basale dépassant largement une durée d’action de 24 heures devrait permettre de ne pas modifier l’horaire d’injection de la lente, alors que cela est supposé nécessaire avec une lente ne couvrant que 24 heures.
On s’aperçoit, dans « les conditions » de cette première étude, que disposer d’une basale très longue ne permet pas d’obtenir de meilleurs résultats glycémiques qu’avec une lente moins longue… Mais on peut aussi imaginer que cela permet peut-être de simplifier les conseils à donner au patient, simplifier ses gestes et réduire son anxiété, ses contraintes et la complexité des messages. Et permettre ainsi davantage aux sujets avec DT1 de voyager comme tout un chacun.
Professeur Émérite, Université Grenoble-Alpes
(1) Bevier WC, et al. Traveling across time zones with type 1 diabetes : a pilot study comparing insulin degludec with insulin glargine U100. Diabetes Care. 2022 Jan 1;45(1):67-73
doi : 10.2337/dc21-1524. PMID : 34716211
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