LA PATIENTE SOUFFRAIT d’un insulinome, une tumeur bénigne mais grave, pouvant entraîner le décès par hypoglycémie. Sa tumeur était située près de la tête du pancréas et il a fallu enlever 80 % de la glande. Une partie du pancréas macroscopiquement sain a été envoyée au laboratoire d’anatomopathologie et la bénignité a été confirmée. L’AFSSAPS a donné son accord pour le protocole consistant à réimplanter à la patiente ses propres îlots pour empêcher le diabète. L’équipe du Pr François Pattou (Inserm U 859, Université de Lille) qui a dirigé cette opération fait aussi de la thérapie cellulaire depuis quinze ans. Comme il vaut mieux éviter une implantation dans le foie après une grosse chirurgie du pancréas, l’équipe a exploré d’autres voies. Un travail précédent chez un mini-porc, avait montré qu’une injection dans un site intramusculaire était possible. Ainsi, 48 heures après l’intervention, les propres îlots bêta isolés à partir de la glande prélevée chez la patiente lui ont été réimplantés sous anesthésie locale, dans les muscles de l’avant-bras gauche. Le greffon a survécu et a fonctionné. Un an plus tard, la patiente ne présentait pas de diabète, même après une stimulation par du glucose per os. Les chercheurs ont montré que l’insuline vient bien du bras. La démonstration a été faite après une injection d’arginine.
Une imagerie détectant les cellules bêta normales.
L’ultime démonstration était de prouver que les cellules bêta sont bien présentes. La biopsie n’était évidemment pas possible, en raison du risque d’enlever le greffon. Pour cela, une collaboration a été mise en place avec une équipe allemande qui développe une imagerie pour détecter les cellules bêta normales, ce qui est utile chez des patients diabétiques afin de suivre la masse des cellules bêta. Dans ce cas, il était question de localiser les cellules à un endroit connu pour être certain que le greffon est opérationnel. La patiente a accepté d’aller à Fribourg pour que soit réalisée cette nouvelle scintigraphie à l’aide d’un marqueur spécifique. Cette scintigraphie a bien montré la présence des îlots dans le bras là où les tests biologiques le laissaient supposer. Le recul est maintenant de plus de 18 mois et la patiente ne souffre pas de diabète.
Chez cette patiente, à partir du pancréas prélevé, on a pu isoler 1,8 ml de cellules bêta (les îlots constituent 3 % du pancréas). La quantité injectée est similaire à ce qui est greffé dans le foie chez un patient diabétique, lorsque l’on réalise une allogreffe provenant d’un donneur en état de mort cérébrale.
En traitant cette patiente, deux pas importants ont été franchis : celui de la thérapie cellulaire et celui de l’imagerie des cellules bêta.
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