Les nouvelles insulines « lentes » occupent une forte place dans les congrès et génèrent des débats très animés : font-elles vraiment mieux que les anciennes, est-ce vraiment nécessaire de dépasser 24 heures et les hypoglycémies sont-elles un réel enjeu ?
Depuis 10 ans, la glargine (Lantus) a bouleversé la donne dans les pays qui peuvent se l’offrir et occupe une large place dans l’insulinothérapie des DT1 et DT2. Les firmes sont à la recherche d’insulines pouvant faire mieux. NovoNordisk a développé la Degludec, déjà sur certains marchés, une vraie lente fort intéressante non encore disponible en France ; Lilly une future super-lente la PEG-Lispro, à tropisme hépatique ; Sanofi propose sa nouvelle glargine U300, baptisée Toujeo, qui pourrait être la première disponible. Il s’agit d’une nouvelle formulation de la Lantus. Accroître la concentration de l’insuline réduit la taille du dépôt, la surface de contact capillaire, la résorption, et allonge de 2 à 6 heures la durée totale d’action avec un début plus doux sur les 6 premières heures et une moindre variabilité.
Au total 6 études de phase 3 ont été menées : EDITION I à IV et deux au Japon EDITION JP1 et JP2, toutes favorables à Toujeo vs Lantus : non-infériorité sur l’HbA1c ; moins d’hypoglycémies sévères ou confirmées nocturnes (– 20 à – 25 %), surtout dans les 6 premiers mois ; doses d’insuline U300 environ 15 % plus élevées ; prise de poids un peu inférieure, parfaite tolérance au point d’injection.
À ce stade, il est trop tôt pour se prononcer sur les implications pratiques, mais Toujeo répond au cahier des charges des insulines lentes et nous verrons si ces avantages se traduisent en progrès tangibles en vraie vie. La flexibilité plus grande dans l’horaire d’injection, la couverture plus longue, moins d’hypos la nuit et le bon dossier sécurité de la Lantus (cardiovasculaire et carcinologique) sont des forces indéniables. Mais qui faudra-t-il switcher pour Toujeo et qui initier avec cette nouvelle lente ? On en reparlera ici.
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