Les agonistes de GLP-1, comme le sémaglutide et le liraglutide, présentent un surrisque d'effets secondaires gastro-intestinaux, qui interroge la balance bénéfice-risque dans le cadre de la perte de poids, confirme une petite étude canadienne. L'Agence nationale du médicament (ANSM) avait déjà attiré l'attention sur ce type d'effets indésirables.
Publiée le 5 octobre dans Jama Network, la lettre des chercheurs de l'Université de la Colombie-Britannique (Canada) rapporte les résultats d'une étude portant sur environ 5 400 patients obèses sans diabète ; ils ont comparé ceux prenant du sémaglutide (613 personnes) ou du liraglutide (4 144), avec ceux prenant un autre traitement contre l'obésité, la naltrexone/bupropion (non agoniste de GLP-1).
Pour rappel la molécule sémaglutide est utilisée dans les médicaments à succès Ozempic et Wegovy, et le liraglutide, dans le médicament Saxenda. Les trois sont produits par le laboratoire Novo Nordisk. Quant au tirzépatide (laboratoire Lilly), le dernier-né des agonistes de GLP-1, il n'a pas été intégré dans l'étude.
En France, l'Ozempic indiqué uniquement dans le diabète de type 2 est détourné, à visée amaigrissante. Le Wegovy indiqué dans l'obésité n'est, quant à lui, pas remboursé et n'est plus en accès précoce à la demande du laboratoire fin août 2023.
Les effets indésirables à type de troubles digestifs et d'hypoglycémies sont identifiés par les autorités sanitaires. En outre, l’Agence européenne du médicament a entrepris une évaluation du risque d’idées suicidaires et d’automutilation avec les médicaments de la classe des agonistes des récepteurs au GLP-1.
Risque multiplié par 9 de pancréatite, et par 4 d'occlusion intestinale
Dans l'étude, comparés aux patients sous naltrexone/bupropion, les consommateurs d'agonistes de GLP-1 avaient un risque augmenté de pancréatite (Hasard ratio ajusté de 9,09), d'occlusion intestinale (HR : 4,22) et de gastroparésie (HR : 3,57), pouvant entraîner nausées, vomissements et douleurs.
En revanche, il n'y avait pas de surrisque de maladie biliaire (HR : 1,5). Son incidence (pour 1 000 personnes-années) était de 11,7 pour le sémaglutide, 18,6 pour le liraglutide, et 12,6 pour le bupropion-naltrexone ; l'incidence de la pancréatite était de respectivement de 4,6, 7,9, and 1.
« Ces effets indésirables sont rares, mais ils doivent être pris en compte par des patients qui envisagent les agonistes de GLP-1 pour perdre du poids : dans ce cadre, la balance bénéfice-risque est toute autre que dans pour le diabète », lit-on. Et d'insister sur la nécessité de prescrire ces médicaments à des patients qui en tirent un réel bénéfice, informés des risques, et suivis par des professionnels de santé.
Ces médicaments « devraient être utilisés avec précaution, et seulement chez les patients avec le plus haut risque de problèmes de santé ou de complications liés à l'obésité », commente la professeure en médecine pharmaceutique Penny Ward, non impliquée dans l'étude. « Il est vital que les réglementations soient renforcées pour s'assurer que ces médicaments ne soient prescrits que dans les bonnes circonstances », insiste le Dr Simon Cork, de l'université Anglia Ruskin.
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