Les papiers à ne pas manquer en octobre 2024

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Publié le 11/10/2024
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Nos coups de cœur de la littérature scientifique ce mois-ci.

Crédit photo : BURGER / PHANIE

Le don d’un rein n’accroît pas le risque de maladie rénale et d’HTA chez le donneur (1)

Le donneur vivant d’un rein s’expose-t-il à risque futur accru d’hypertension artérielle ou de maladie rénale ? Cette large étude (Canada-Australie), avec un suivi à dix ans, répond que non ! Ce qui contredit une étude américaine antérieure quant au risque d’HTA. La comparaison et le suivi portant sur 924 donneurs vivants de rein vs 396 non-donneurs, inclus de 2004 à 2014 suivis jusqu’à 2021. L’évolution de la pression artérielle était similaire, le DFG chute dans l’année qui suit la néphrectomie (passant de 100 à 60 ml/min/1,73 m2) mais reste stable ensuite sur dix ans, alors qu’il baisse dans le groupe non-donneur. La microalbuminurie a évolué de façon similaire dans les deux groupes. Les données de base étaient comparables, quoique les donneurs étaient plus susceptibles que les non-donneurs d’avoir des antécédents familiaux d’insuffisance rénale.

Rétinopathie diabétique : attention aux variants avec HbA1c faussement bonnes, surtout chez des sujets d’origine africaine (2)

Certains variants de l’hémoglobine abaissent les taux d’HbA1c indépendamment des niveaux glycémiques. Ces formes sont agrégées dans un score polygénique, avec de plus la variante faux-sens propre à l’ascendance africaine (G6PD). Que ce soit chez les personnes d’ascendance européenne ou africaine, celles présentant des variants génétiques qui abaissent l’HbA1c ont une prévalence de rétinopathie plus élevée que celles qui n’en ont pas, malgré des niveaux similaires d’HbA1c. Cela doit être pris en compte pour personnaliser les cibles d’HbA1c et améliorer les résultats. Un risque +20 à 50 % de RD existe, par sous-évaluation du contrôle glycémique (à HbA1c similaires).

Un diagnostic précoce du DT1 pédiatrique s’accompagne d’un meilleur contrôle glycémique ultérieur et de davantage de rémissions partielles (3)

Cette étude évaluait les effets du diagnostic précoce du DT1, par rapport à un diagnostic plus retardé, voire tardif (plus d’hyperglycémie et de cétose). 14 292 patients pédiatriques DT1 diagnostiqués en Suède entre 2015 et 2019 ont été analysés en 2023. Ils ont été répartis entre quatre groupes : avec acidocétose diabétique (AC) au diagnostic, avec diagnostic précoce, intermédiaire ou tardif. Au moment du diagnostic, l’âge médian était de 9,8 [6,8- 13] ans). Trois ans plus tard, les patients diagnostiqués précocement ont connu un meilleur contrôle par rapport à ceux diagnostiqués tardivement ou au stade d’acidocétose, et un plus grand nombre ont connu une rémission partielle quand ils étaient diagnostiqués tôt. Cela pourrait être dû à une plus lente destruction des cellules ß.

Le capteur détecte beaucoup plus d’hypoglycémies que ressenties par les personnes diabétiques (4)

L’utilisation mesure continue du glucose (MCG) conduit à une meilleure détection de l’hypoglycémie. L’étude Hypo-Metrics a étudié les taux et la durée de l’hypoglycémie par la MCG et leur relation avec l’hypoglycémie rapportée chez des personnes atteintes de diabète de type 1 (n=276) et chez des DT2 insulinotraités (n=321) ayant déjà présenté des hypoglycémies. Résultats : qu’il s’agisse des valeurs < 70 mg/dL ou < 54 mg/dL, au moins la moitié des hypoglycémies rapportées en aveugle par la MCG sont asymptomatiques, y compris les épisodes sévères < à 54 mg/dL. De plus, de nombreux épisodes d’hypoglycémie symptomatique signalés par le patient surviennent au-dessus de 70 mg/dL.

Les facteurs périnataux sont peu associés aux diabètes de type 1 de l’adulte (5)

Le diabète de type 1 (DT1) de l’enfance est associé à des facteurs périnataux, mais les données relatives au DT1 de l’âge adulte sont rares. Ce travail sur les registres nationaux suédois a inclus 1 813 415 personnes âgées de 18 ans ou plus, nées en Suède entre 1983 et 2002, suivies jusqu’en 2020. 3283 ont été diagnostiquées de DT1 à l’âge adulte. Le taux d’incidence du DT1 à l’âge adulte était de 18,8 pour 100 000 personnes-années. Les antécédents de DT1 maternel (4,10 [3,09-5,43]) et paternel (6,24 [5,10-7,64]) sont associés à une incidence plus élevée de DT1 à l’âge adulte, tandis que le sexe féminin (0,69 [0,64-0,74]) et le fait d’avoir des parents nés hors de Suède étaient associés à une incidence plus faible. Parmi les expositions périnatales, seule la naissance prématurée (< 39 semaines contre ≥ 39 semaines) était faiblement associée à une incidence plus élevée du DT1 à l’âge adulte (1,12 [1,04-1,22]). Les résultats de la cohorte des frères et sœurs de ces personnes étaient cohérents avec l’analyse de la cohorte complète. Les facteurs périnataux semblent donc jouer un rôle mineur dans le développement du DT1 à l’âge adulte, par rapport au DT1 de l’enfance, ce qui suggère que les déclencheurs, ou les accélérateurs, de l’auto-immunité survenant plus tard dans la vie sont plus déterminants.

(1) Garg AX et al. Hypertension and kidney function after living kidney donation. JAMA. 2024 Jul 23;332(4):287-99
(2) Mandla R et al. Hemoglobin A1c genetics and disparities in risk of diabetic retinopathy in individuals of genetically inferred African American/African British and European ancestries. Diabetes Care. 2024 Oct 1;47(10):1731-39
(3) Hammersen J et al. Clinical outcomes in pediatric patients with type 1 diabetes with early versus late diagnosis: analysis from the dpv registry. Diabetes Care. 2024 Oct 1;47(10):1808-17 
(4) Divilly P et al, Hypo-RESOLVE Consortium. Relationship between sensor-detected hypoglycemia andpatient-reported hypoglycemia in people with type 1 and insulin-treated type 2 diabetes: the Hypo-metrics study. Diabetes Care. 2024 Oct 1;47(10):1769-77
(5) Amadou C et al. Early-life factors associated with adult-onset type 1 diabetes: a swedish nationwide cohort and family-based study. Diabetes Care. 2024 Oct 1;47(10):1740-49 

Pr Serge Halimi, professeur Émérite, Univ. Grenoble- Alpes

Source : lequotidiendumedecin.fr