Le sémaglutide en vraie vie aux États-Unis : on reste sur sa faim !

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Publié le 04/11/2024
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Si l’efficacité, quoique plus faible que dans les études de RCP, semble bien au rendez-vous avec le sémaglutide en vraie vie, la (très) faible persistance interroge.

Crédit photo : GARO/PHANIE

Les données d’efficacité en vraie vie peuvent différer significativement de celles enregistrées dans les études encadrées (RCP). Elles informent aussi sur la persistance sous traitement. C’est le cas du suivi du programme « All of US Research », incluant des sujets avec diabète de type 2 (DT2) et obésité, recevant du sémaglutide injectable ou oral (1).

Pour 3 739 patients traités (dont 2 795 DT2), ceux sous injectable (3 364 patients) ont pris le médicament en moyenne 301,54 jours ; 20,4 % le poursuivant encore à l’issue des 454 jours de suivi en moyenne. Sous la forme orale (435 patients), les patients ont pris le médicament en moyenne 172,48 jours, 24,6 % le poursuivant toujours.

En moyenne, on relève - 1,54 kg/m2 d’IMC, - 4,65 kg du poids et -0,75 % d’HbA1c de (noter que les données chiffrées d’HbA1c de départ, avant traitement, n’ont pas été publiées). Ces diminutions sont un peu plus importantes sous la forme injectable, probablement en raison de valeurs initiales plus élevées.

Au fil du temps, ces améliorations ont ralenti, mais les valeurs sont restées significativement inférieures aux niveaux de base.

Environ 1,0 % seulement des patients ont signalé des événements indésirables, cohérents avec ceux déjà notés dans les essais RCP.

Autant de données qui conduisent les auteurs à conclure à la conformité par rapport aux résultats des essais cliniques, cette analyse en situation réelle ayant montré que le sémaglutide était bien toléré et que, pour une large population, il réduit efficacement l’IMC, le poids corporel et l’HbA1c — bien que dans des proportions inférieures à celles observées dans les essais cliniques.

Répondeurs et observance

On peut questionner ces conclusions « favorables », peu relativisées par les auteurs : l’efficacité n’est pas à mettre en doute par rapport aux données de base (avant traitement), sur les paramètres d’intérêt (évidemment !) mais l’amplitude des réponses semble somme toute modeste : en moyenne, poids -5 [8,3 ; -0,15] kg, pour des poids totaux de départ de 105 à 108 kg et des IMC de 33-34 kg/m2. Quant à la diminution d’HbA1c, -0,75 [-1 ,5 ; -0,1] %, elle semble assez éloignée des résultats enregistrés dans les essais randomisés très encadrés.

Cela confirme peut-être la notion de l’existence de plus ou moins bons répondeurs et/ou plus ou moins bons observants. La persistance interpelle : seuls 20 % à 2,5 ans et à 4 ans sont encore sous traitement ! Étrangement, les raisons pour lesquelles les personnes ont arrêté de prendre le médicament n’ont pas été indiquées par les auteurs !

Et plus de la moitié (57,45 %) des patients ceux recevant du sémaglutide l’ont arrêté après un an (davantage les femmes que les hommes).

Ce papier omet aussi des détails essentiels tels que les HbA1c de départ ou les doses sémaglutide. En somme, on peut se montrer réservé quant à l’optimisme des auteurs pour ces traitements assez coûteux, à mettre en rapport avec la progression des dépenses d’antidiabétiques rapportées ces jours-ci dans plusieurs pays.

(1) Mayer CS et al. Diabetes Obes Metab. 2024 Nov;26(11):4989-95

Pr Serge Halimi, Professeur Émérite, Université Grenoble-Alpes

Source : lequotidiendumedecin.fr