Facteurs interférant avec le dosage

Publié le 17/09/2015
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Disponible depuis 1978, le dosage de l’HbA1c est recommandé de façon régulière dans la surveillance du diabète depuis 1988 par l’ADA. Actuellement, il existe plus de 150 méthodes disponibles, reposant sur deux principes : évaluation des différences de charge – électrophorèse par capillarité, HPLC – ou des différences structurales – chromatographie d’affinité, immunoessai.

Le facteur principal interférant avec ce dosage est certainement l’insuffisance rénale. Dans ce contexte, un phénomène non enzymatique intervient, la carbamylation, où l’acide isocyanique s’attache aux protéines. Cet acide, dérivé de l’urée, se lie habituellement aux fragments N-terminaux de la lysine ou de l’arginine. Une augmentation de l’urée plasmatique va induire une augmentation de la carbamylation des protéines.

Cependant, une méta-analyse récente (1) conclut à une absence d’effet significatif de l’insuffisance rénale sur le dosage d’HbA1c, comme l’avait déjà suggéré une autre étude (2).

D’autres facteurs pouvant interférer avec le dosage d’HbA1c sont les variants d’hémoglobine. Environ 1 218 ont été identifiés à ce jour, dont 855 (70 %) impliquent le gène de sa chaîne ß. La plupart des mutations concernent les 13 premiers acides aminés.

Les variants les plus fréquents sont l’hémoglobine S, l’hémoglobine C, l’hémoglobine E et l’hémoglobine D. Ils ont surtout été décrits en Afrique et en Asie (pas en Amérique, très peu en Europe). Chez les individus homozygotes, on ne peut pas doser l’HbA1c, vu qu’il n’y a pas d’hémoglobine A. En revanche, chez les hétérozygotes, le dosage peut être effectué avec fiabilité par une méthode appropriée que l’on peut retrouver sur le site de référence pour les dosages d’HbA1c (www.ngsp.org).

L’HbA1c peut donc être mesurée de façon fiable même en présence de variants d’hémoglobine. Dans une étude dont D. Sacks est le dernier auteur qui a inclus des Afro-Américains (n = 216), 21 % (n = 46) avaient des variants d’hémoglobine, sans toutefois présenter ni anémie, ni carence en fer, ni réticulocytose, ni insuffisance rénale (3). En prenant comme référence de nombreux paramètres glycémiques (glycémie à jeun, glycémie post-HGPO, insulinorésistance évaluée par HGPIV), il a été montré que la présence d’un variant d’hémoglobine ne modifie pas la fiabilité de l’HbA1c pour identifier des anomalies de la tolérance au glucose.

(1) Cavagnolli G et al. Clin Chim Acta. 2015;445:107-14

(2) Little RR et al. Clin Chim Acta. 2013;418:73-6

(3) Sumner AE et al. Diabetes Care. 2015;38:213-9

Dr Sylvie Picard

Source : Congrès spécialiste