C’EST EN MARS PROCHAIN que sera rendu public le livre blanc de la spécialité « Endocrinologie, Diabète et Maladies métaboliques ». Une grande première. « Jamais, en effet, notre spécialité n’avait publié un tel document », indique le Dr Marie-Hélène Bernard, présidente du Syndicat national des spécialistes en endocrinologie, diabète, maladies métaboliques et nutrition (SEDMEN). « Avec ce livre blanc, notre but est de donner une plus grande visibilité à notre spécialité, en répondant à deux grandes questions : qui sommes-nous ? Et que faisons-nous ? », souligne le Dr Bernard. « Nous souhaitons aussi montrer notre implication responsable dans l’organisation du système de santé pour devenir une force de proposition, pour communiquer et négocier avec les syndicats médicaux, l’assurance-maladie, les assurances complémentaires et les différentes institutions (industrie, associations de patients, autres professionnels…) du monde de la santé », ajoute-t-elle.
Mieux faire connaître la discipline.
La sortie de ce livre blanc, qui fera un large état des lieux, sera l’occasion de mieux faire connaître la spécialité qui, de l’avis du Dr Bernard, reste encore trop méconnue du grand public, mais aussi du monde sanitaire. « Nous souhaitons faire reconnaître la place et l’implication responsable des endocrinologues au sein du système de santé. Il est temps qu’on valorise le rôle que nous jouons dans la prise en charge des maladies chroniques, en particulier le diabète. Grâce à notre efficience, nous pouvons être une source de profits pour les patients comme pour l’assurance-maladie », souligne la présidente du SEDMEN.
Pour réaliser ce livre blanc, un communiqué de pilotage a été mis en place, présidé par le Dr Patrick Bouillot (libéral, Nevers) et le Pr Brigitte Delemer (CHU Reims) avec cinq représentants du SEDMEN : le Dr Marie-Hélène Bernard, le Dr Nathalie Gervaise, le Dr Gérard Chabrier, le Dr Jean-Michel Daninos et le Dr Paule Nathan. Toutes les instances de la profession ont été associées à ce comité : la Société française d’endocrinologie (SFE), la Société française de diabétologie (SFD), la Fédération nationale des Associations régionales d’endocrinologie-diabétologie-métabolisme (FENAREDIAM), le Collège des diabétologues et endocrinologues des hôpitaux généraux (CODEHG), le Conseil National des Universités, le Conseil national d’Endocrinologie L’Association française des diabétiques représentant les associations de patients, également partenaires de la prise en charge des pathologies, en fait aussi partie.
« Nous avons souhaité avoir une démarche la plus consensuelle possible et faire en sorte que chacun puisse s’exprimer », souligne le Dr Bernard, en précisant qu’un questionnaire, élaboré par le comité de pilotage, a été adressé à 1 500 endocrinologues-diabétologues. « Nous avons eu un taux de réponse très bon et nous sommes actuellement en train de compléter cette enquête en faisant des réunions dans les régions pour évaluer le fonctionnement de la spécialité, en tenant compte des spécificités locales et de la démographie médicale », indique le Dr Bernard.
Nouvelle convention médicale.
Sinon, l’autre grande actualité professionnelle de 2011 aura été la signature, en juillet, de la nouvelle convention médicale entre l’assurance-maladie et trois syndicats (CSMF, SML, MG-France) après plusieurs mois de négociations. Ce texte prévoit d’abord une revalorisation des spécialités cliniques avec, pour les endocrinologues, une extension de la majoration MCE (10 €) à la prise en charge initiale des patients diabétiques insulinotraités et au diabète compliqué.
À l’issue de la signature de cette convention, le SEDMEN avait, dans un communiqué, indiqué que « les mesures proposées à l’intention de ses mandants restent très en deçà de la proposition d’élargissement de la MCE qui lui avait été consentie ». « L’élargissement de la MCE concerne le diabète insulinotraité, ce qui avait été déjà acté le 15 avril 2006. S’y ajoute aujourd’hui le diabète compliqué, ce qui constitue une avancée très minime par rapport à nos souhaits et une faible dépense pour l’assurance-maladie qui n’a pas pris le risque de nous octroyer l’élargissement de la MCE à tous nos actes, ce qui n’aurait représenté que 10 % des dépenses consacrées au diabète… », ajoutait alors le syndicat.
Cette convention introduit aussi des changements dans le mode de rémunération des médecins libéraux. Le texte ne touche évidemment pas au paiement à l’acte qui reste le pilier de la rémunération. Mais il introduit une rémunération forfaitaire pour la prise en charge des patients chroniques (forfait médecin traitant de 40 €). Enfin et surtout, est instauré un paiement à la performance qui permettra aux médecins d’obtenir une rémunération supplémentaire, versée en fonction de l’atteinte d’objectifs de santé publique, d’organisation du cabinet et d’efficience. « Au départ réservé aux généralistes, ce paiement à la performance sera ensuite étendu à quatre autres spécialités dont l’endocrinologie. Il faut préciser que les endocrinologues resteront entièrement libres d’adhérer ou non à ce nouveau mode de rémunération », indique le Dr Bernard, en précisant que la spécialité « travaille déjà à l’élaboration d’indicateurs spécifiques à la profession qui devront être différents de ceux utilisés pour le CAPI (contrats individuels d’amélioration des pratiques). »
Lors de la signature de la convention, le SEDMEN avait salué l’instauration de ce paiement à la performance comme une reconnaissance de la spécificité de l’endocrinologie. « En effet, à l’opposé, mais en complément du paiement à l’acte dévolu à la maladie et à ses complications, soit très tard dans l’histoire de la maladie, le paiement à la performance, dont le contenu reste à définir par la spécialité, reconnaît ainsi la solvabilité d’une médecine de la prévention et de l’éducation thérapeutique, bien en amont des complications liées aux maladies métaboliques et à l’obésité », soulignait alors le SEDMEN.
D’après un entretien avec le Dr Marie-Hélène Bernard, présidente du SEDMEN.
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