Un capteur de glycémie en continu (Dexcom), une pompe-patch miniature (Cellnovo), et entre les deux, reliés en bluetooth, un smartphone doté d'un algorithme personnalisé pour déterminer les besoins en insuline. C'est le dispositif du pancréas artificiel Diabeloop, le premier développé en France depuis 2011 par le Centre d'études et de recherches pour l'Intensification du traitement du diabète (CERITD) en collaboration avec le Leti, l'institut du CEA-Tech, leader mondial en micro et nanotechnologies.
Le pancréas artificiel permet une insulinothérapie « en boucle fermée » avec une diminution des hypoglycémies nocturnes et une amélioration de la moyenne glycémique. Alors que le tout premier prototype, de la taille d'un réfrigérateur, remonte aux années 1970, plusieurs consortiums de recherche sont aujourd'hui en phase avancée. Aucun dispositif n'est encore commercialisé, mais trois sociétés à travers le monde ont annoncé leur présence sur le marché d'ici 2017-2018 : Medtronics, Big Foot et Diabeloop.
« Restaurer l'insouciance »
« L'objectif du pancréas artificiel est de restaurer l'insouciance, commente le Pr Éric Renard, diabétologue au CHU de Montpellier. Dans le diabète de type 1, l'instabilité glycémique est très forte. Actuellement, même avec les pompes et les capteurs de glycémie en continu, c'est au patient de décider et d'administrer les doses d'insuline. L'algorithme complexe mis au point par le Leti permet de doter le dispositif d'une intelligence artificielle, qui décide de la dose d'insuline et commande la pompe à la place du patient. Celui-ci doit simplement renseigner la machine 20 minutes à l'avance s'il prévoit un repas ou une activité physique. »
Un dispositif qui se démarque
Par rapport à ses concurrents étrangers, le projet Diabeloop se distingue par un service à distance. « Boucle de télémédecine, monitoring 24h/24, tableau de suivi par des équipes médiacles, suivi par des infirmiers spécilaisés, Diabeloop propose une fonction de soutien », détaille le Dr Guillaume Charpentier, directeur du CERITD.
Pour Erik Hunecker, directeur et cofondateur de Diabeloop, ce n'est pas le seul atout du dispositif français. « L'algorithme mis au point en France est à la fois complexe et personnalisé, précise-t-il. Une dizaine de critères, tels que le poids ou le traitement de référence, sont pris en compte en période initiale pour personnaliser le traitement ». D'ici 2019, il devrait être possible d'avoir le choix avec un système sans smartphone mais au prix d'une pompe un peu plus volumineuse qui intégrera l'algorithme et le nécessaire écran de contrôle.
Une commercialisation d'ici 2017
Depuis le début d'année, une étude internationale menée avec le soutien des Instituts nationaux de la santé américains dans 6 centres américains et en Europe dont 10 CHU en France, est en train de valider l'intérêt du système en vie réelle chez 240 patients jour et nuit. Après des tests récents chez 15 patients sur 3 jours en milieu hospitalier, il est prévu que Diabeloop soit évalué en 2017 chez 100 patients avant la commercialisation annoncée fin 2017.
Le coût de Diabeloop est estimé à environ 9 000 euros par patient et par an, soit environ 10 % de plus que le coût actuel d'une pompe à insuline avec un capteur en continu. En vue de l'obtention du remboursement, une étude est prévue en 2018 chez 200 patients pour montrer la supériorité du système par rapport aux traitements existants.
Selon une enquête réalisée par la Fédération française des diabétiques pour le CERITD, les patients sont demandeurs avec plus de 80 % des diabétiques de type 1 se déclarant candidats au pancréas artificiel. « En France, il y a 200 000 diabétiques de type 1, explique le Dr Guillaume Charpentier. Près de la moitié restent mal équilibrés, malgré tous les efforts. C'est la cible prioritaire du pancréas artificiel. »
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