LE CANCER thyroïdien anaplasique (CTA) est une tumeur rare hautement maligne, dont la survie ne dépasse pas cinq mois malgré la meilleure prise en charge multidisciplinaire. BRAF est une kinase régulatrice de la division et de la survie cellulaires. La protéine BRAF V600E mutée, activatrice, est détectée dans le mélanome cutané, dans la leucémie à cellules chevelues, dans le cancer papillaire de la thyroïde et dans un quart des cancers anaplasiques de la thyroïde.
Le vémurafenib, un inhibiteur de BRAF, améliore la survie des patients porteurs d’un mélanome métastatique et induit une réponse chez les patients porteurs d’une leucémie à cellules chevelues. Dans un modèle murin, cet inhibiteur supprime la croissance des cancers thyroïdiens anaplasiques présentant la mutation.
Lésions étendues.
C’est dans ce contexte qu’une équipe de l’Université de Californie de Los Angeles (UCLA) rapporte l’observation d’un patient de 51 ans, présentant précisément un cancer thyroïdien anaplasique avec mutation de BRAF et qui a répondu de façon spectaculaire au vémurafenib.
L’histoire de ce cancer était récente : depuis un mois, le patient présentait des masses cervicales grossissantes, une raucité de la voix, une dysphagie et une dyspnée. L’examen clinique a permis de constater les masses thyroïdiennes et de découvrir des adénopathies jugulo-digastriques ; la laryngoscopie directe a montré une paralysie d’une corde vocale et un œdème sus-glottique diffus. À J1, le PET scan et le scanner ont montré : des masses thyroïdiennes hypermétaboliques ; des adénopathies cervicales, médiastinales et hilaires ; des lésions pulmonaires et osseuses.
À J4 et J10, on a administré du paclitaxel (radiosensibilisation) et du carboplatine. Malgré cela, la dyspnée s’est aggravée et on a du administrer de l’oxygène (60 à 100 %) par la trachéotomie ; le patient a été transféré en unité de soins intensifs. Là, le scanner a montré une aggravation des infiltrats pulmonaires et des nodules.
Alors, de façon empirique, à partir de J10, on a administré du vémurafenib à la dose de 960 mg par voie orale deux fois par jour, avec le consentement du patient. Dès lors, son état s’est rapidement amélioré ; une radiothérapie sur le cou et le médiastin supérieur a été commencée à J14. Le patient a pu quitter l’hôpital à J16, en continuant le vémurafenib.
La PCR en temps réel a montré la présence de la mutation BRAF V600E.
À J38, le PET et le scanner ont montré une régression presque complète des métastases.
Chercher la mutation V600E.
« Ce cas suggère le bénéfice de l’inhibition de BRAF dans le cancer thyroïdien anaplasique avec mutation activante de BRAF. Des observations chez davantage de patients seront nécessaires pour déterminer la durée et la fréquence des réponses, les mécanismes d’une résistance potentielle et les effets secondaires. En attendant, nous suggérons que le tissu malin des patients présentant un cancer thyroïdien anaplasique soit examiné à la recherche de la mutation V600E, et que le vémurafenib soit envisagé en cas de positivité ou bien comme traitement empirique dans les cas rapidement progressifs en attendant les résultat de la recherche de la mutation », concluent les auteurs.
Michael Rosove er coll. New England Journal of Medicine du 14 févier 2013, pp. 684-685.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024