Les États-Unis font face à une augmentation de la prévalence du diabète de type 1 et de type 2 chez les enfants et adolescents. Selon l’enquête SEARCH qui vient d’être publiée dans la dernière version du « Jama Pediatrics », la prévalence du diabète de type 1 a augmenté de 21,1 % entre 2001 et 2009, et celle du diabète de type 2, de 30,5 % durant la même période.
Pour le diabète de type 2, la prévalence de 0,34/1 000 en 2001 est passée à 0,46/1 000, 8 ans plus tard. Le nombre de cas a augmenté dans les deux sexes et dans toutes les ethnies, mais la prévalence est plus élevée dans la tranche des 15-19 ans par rapport aux 10-14 ans, dans les populations d’origine indienne, africaine, hispanique, surtout ; chez les Blancs, elle augmente moins, et reste stable chez les Asiatiques. Les études menées en Europe montrent que le DT2 reste relativement rare. « C’est vrai, confirme le Pr Jacques Beltrand (pédiatre, endocrinologue, Paris). À hôpital Necker, nous diagnostiquons 1 à 2 cas pédiatriques de diabète de type 1 par semaine contre 1 cas de diabète de type 2 par an ».
Insulinorésistance accélérée
Les données épidémiologiques nationales sont effectivement très éloignées de l’étude SEARCH et n’ont pas évolué depuis la dernière étude de Nadia Tubiana-Rufi (Hôpital Robert Debré) publiée en novembre 2007 dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire ». Elles montraient toutefois une augmentation du nombre de cas infantiles admis dans le centre de référence de l’hôpital Robert Debré, entre deux périodes d’observation (1993-1998 et 2001-2003) passés de 2,2 % à 5,2 %, avec un décalage déjà marqué par rapport aux États-Unis.
« Nous sommes passés à côté de l’épidémie annoncée d’obésité chez l’enfant et nous n’aurons pas l’augmentation du DT2 observée aux États-Unis », assure le Dr Beltrand. Les cas pédiatriques sont toujours observés chez des enfants obèses avec des antécédents familiaux de DT2. Principale différence d’avec l’adulte : « Chez l’adulte, la période d’insulinorésistance peut durer de 20 à 30 ans, alors que chez l’enfant, pour des raisons qui sont mal connues, cette période est beaucoup plus courte. Les cellules productrices d’insuline s’épuisent beaucoup plus vite », insiste le Dr Beltrand. Dans un autre papier publié récemment « Changing face of Diabetes in America », les auteurs expliquaient la similitude des déterminants du DT2 entre adulte et l’enfant : dans près de 90 % des cas on retrouve un parent diabétique de type 2, le manque d’exercice physique, une obésité chez l’enfant et chez la mère. Mais sur le plan physiopathologique, expliquent-ils, la phase d’insulinorésistance qui précède le DT2 est accélérée, de 2, 5 à 7,5 fois plus rapide que chez l’adulte.
L’acanthosis nigricans : signe distinctif
L’enfant diabétique de type 2 se distingue aussi de l’adulte par la présence assez régulière d’un acanthosis nigricans (60 % des cas) au niveau du cou et des aisselles. « C’est un signe d’hyperinsulinémie et d’insulinorésistance sévère, confirme le Dr Jacques Beltrand, l’insuline stimule les mélanocytes ». Le « Lancet » rapportait récemment le cas d’une petite fille vivant en Australie, âgée de 5 ans, conduite par sa mère aux services de santé pour des plaies au niveau de la cuisse ne cicatrisant pas. L’enfant en surpoids (24 kg/m2) a été prélevé, diagnostiqué DT2, traité par insuline. Elle présentait un acanthosis nigiricans marqué au niveau du cou.
L’insuline d’abord
Quant au traitement, « il s’agit souvent de stades sévères avec une forte insulinopénie qui oblige à traiter par insulinothérapie avant de passer aux antidiabétiques oraux. Au début de la maladie les enfants ont un gros besoin d’insuline car la sécrétion résiduelle est très faible », explique le Dr Beltrand.
Le diagnostic différentiel se fait avec le diabète MODY qui s’observe chez le jeune, non en surpoids, chez lequel l’hyperglycémie est souvent de découverte très souvent fortuite, où il n’existe pas d’insulinorésistance mais des marqueurs génétiques.
Après la mise sous insuline, le traitement associe comme chez l’adulte, une prise en charge diététique, une remise à l’exercice physique et un switch vers la metformine. Plusieurs antidiabétiques oraux de l’adulte n’ont pas d’AMM chez l’enfant. Les complications, micro- et macrovasculaires, seront les mêmes que chez l’adulte.
Jama 2014 ; 311 (17) : 1778-1786 ; The Lancet : "A 5 -year old girl with type 2 diabetes" 5 avril 2014 ; Emerg Med Clin N Am 32 ( 2014 ) 319-327 ; BEH 44-45, 2007.
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