L’hypertrophie des petites lèvres apparaît généralement à la puberté, moins souvent après l’accouchement ou à la ménopause. Elle peut être uni- ou bilatérale. La demande de nymphoplastie de réduction est dominée par des motifs psychologiques et esthétiques, mais elle peut être aussi fonctionnelle – gêne pour le port de vêtements moulants, pantalons, string, de maillot de bain, pratique de sports comme le vélo ou l’équitation, inconfort sexuel (invagination des petites lèvres à la pénétration, douleurs au moment du rapport). La gêne physique et psychologique n’est pas forcément corrélée à l’importance de l’hypertrophie. La résection des petites lèvres se pratique depuis très longtemps aux États-Unis, depuis une dizaine d’années en France. La demande est de plus en plus fréquente ; « il ne s’agit pas seulement d’un effet de mode, et c’est essentiellement lié au fait que les femmes ont de moins en moins de tabou pour parler de leur sexualité, et la nymphoplastie apporte beaucoup à ces femmes qui n’osent pas se dénuder », explique le Dr Emmanuelle Cohen-Solal (Marseille).
Lorsque l’hypertrophie est importante (›4 cm) ou qu’il existe une gêne fonctionnelle, l’intervention est prise en charge par l’Assurance-maladie, soit 46,80 € selon la nomenclature. La nymphoplastie peut être pratiquée à tout âge, et il n’y pas de limite d’âge supérieur, mais chez les jeunes filles on attend la fin de la puberté. Il est nécessaire de soigneusement cerner en pré-opératoire la demande et ses motivations, d’évaluer par un questionnaire et éventuellement par un avis psychologique l’existence d’une dysmorphophobie, qui constitue une contre-indication dans ce type de chirurgie comme dans toute chirurgie esthétique.
L’intervention peut être uni- ou bilatérale pour restaurer la symétrie, et ramène les petites lèvres à une taille en harmonie avec celle des grandes lèvres. Parmi les diverses techniques, la résection longitudinale consiste à retirer la partie excédentaire des petites lèvres par une incision parallèle à leur bord libre, suivie d’une fermeture directe en un plan. Mais la cicatrice qui siège sur le bord libre des petites lèvres est exposée aux frottements d’où parfois des difficultés de cicatrisation. On préfère la résection en V avec une suture perpendiculaire au bord libre des petites lèvres, limitant les problèmes de cicatrisation et la dyspareunie.
L’intervention est généralement pratiquée sous anesthésie générale, vue la durée de l’intervention (45 minutes) et la sensibilité de cette zone. Les fils se résorbent en 8 à 10 jours. Les soins sont locaux, lavage à l’eau, antiseptique et séchage soigneux. Les rapports sexuels et les bains ne seront repris qu’après un mois.
Dans les suites immédiates, les patientes peuvent ressentir des douleurs d’intensité et de durée variable allant jusqu’à 7 jours mais cédant avec les antalgiques usuels. La complication la plus fréquente est la désunion de la cicatrice, qui peut être facilement réparée ultérieurement sous anesthésie locale ; les hématomes qui ne nécessitent généralement pas d’être repris, les infections ou les nécroses sont très rares ; des dyspareunies sont possibles. « Globalement, les femmes constatent une amélioration sur le plan esthétique, sexuel et fonctionnel en postopératoire, mais on manque encore de travaux montrant clairement que la nymphoplastie, en dehors de l’amélioration esthétique, apporte un bénéfice en termes de sexualité, de qualité de vie de confort. Nous menons une étude dans ce sens », conclut le Dr Cohen-Solal.
D’après un entretien avec le Dr Emmanuelle Cohen-Solal, gynécologie-obstétrique, hôpital de la Conception, Marseille
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024