DE NOTRE CORRESPONDANT
LES APPLICATIONS DES INJECTIONS de greffons graisseux sont multiple en chirurgie plastique : reconstruction du sein, cicatrices de brûlures, chirurgie esthétique,... L’emploi de tissu adipeux autologue*, idéal en principe, souffre pourtant d’une limite contraignante: une durée de vie imprévisible, et malheureusement souvent assez courte. D’où le recours, récemment, à une technique d’enrichissement du greffon avec des cellules souches d’origine adipeuse (ASC) ayant subi, au préalable, une étape ex vivo d’expansion en culture.
Sans signe de malignité.
Pour évaluer l’intérêt de cette approche, les danois ont administré à 10 patients (9 femmes et un homme, âgés de 18 à 45 ans, candidats appropriés pour une liposuccion) un bolus de environ 28 cm3 de tissus graisseux autologues en injection sous-cutanée: greffon enrichi en ASC (20x106 cellules par mL de graisse) dans un des bras et greffon contrôle, non enrichi, dans l’autre bras.
Quel était le volume de greffon adipeux, mesuré par IRM, encore présent au bout de 121 jours? Le résultat est clair : 23 cm3 (20,57-25,43) pour les bras traités versus 4,66 cm3 (3,16-6,16) pour les bras contrôles. Ce qui se traduit, en pourcentages, par 80,9% des greffons traités avec ASC encore présents au bout de 4 mois, vs 16,3% pour les contrôles. La proportion de tissu conjonctif néoformé est également supérieure (5,3% vs 0,5%), tandis que le degré de nécrose tissulaire est moindre avec les greffons enrichis (4,6% vs 16,1%). Aucune différence significative, en revanche, quant à la densité vasculaire locale (20,86 vaisseaux/mm2 vs 26,32 vaisseaux/mm2 chez les contrôles). Enfin, aucun signe de transformation maligne n’est observé dans aucun des groupes au bout de 4 mois.
Meilleure résistance.
Ces résultats, émanant certes d’une petite série de patients, sont tout de même remarquables : la supériorité de l’enrichissement en cellules souches avec expansion ex vivo est incontestable, avec une différence de survie du greffon de près de 65 % par rapport aux bras contrôles. Le tissu conjonctif néoformé observé au niveau des bras traités est à mettre sur le compte de l’enrichissement en ASC, estiment les auteurs. La découverte d’une absence d’effet significatif sur la densité de vaisseaux contredit les observations antérieures faites sur un modèle murin. Les danois remarquent que les cellules ASC résistent mieux que les adipocytes à l’ischémie initiale, jusqu’à 72 heures après la greffe. Les ASC auraient ainsi eu le temps, selon eux, de se transformer en cellules graisseuses, et de remplacer les adipocytes lysés par l’hypoxie.
Sous réserve d’être confirmée chez des cohortes plus importantes de patients, cette étude, la première à avoir testé, de façon randomisée-contrôlée, l’apport de la technique d’enrichissement du greffon adipeux est extrêmement encourageante en démontrant une survie des tissus greffés à 80% à 4 mois. L’intérêt de cette approche en chirurgie plastique va s’en trouver conforté.
Stig-Frederik Trojahn K lle et coll. Enrichment of autologous fat grafts with ex-vivo expanded adipose tissue-derived stem cells for graft survival: a randomised placebo-controlled trial. The Lancet (2013). Publié en ligne.
* prélevé chez le patient lui-même
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