Dans le cadre de la stratégie nationale, un financement de près de 20 millions d’euros sur cinq ans a été prévu au profit de la recherche pour l’endométriose. Il comprend un volet épidémiologique et ce, afin de combler les lacunes à ce sujet, notamment en ce qui concerne la prévalence (actuellement estimée à 10 %), la proportion des cas graves et leur répartition géographique.
Diagnostic : IA, standardisations
Sur le plan diagnostique, des applications sont actuellement disponibles avec divers questionnaires faisant appel à l’intelligence artificielle (IA) pour déterminer la probabilité de la présence d’une endométriose à partir des symptômes déclarés par la patiente. Le praticien peut lui demander de remplir le questionnaire avant sa consultation, pour avoir un premier outil lorsqu’une endométriose est suspectée. On peut signaler trois algorithmes publiés par des équipes françaises et actuellement disponibles : Shiny Deva (1), Luna (2) et Endoziwig (3).
Des tests salivaires et sanguins à visée diagnostique sont également attendus, mais ils ne sont à ce jour, ni recommandés, ni remboursés en France.
Les examens d’imagerie pour l’endométriose, notamment l’échographie et l’IRM, ont pu être améliorés et standardisés. « Plusieurs classifications sont disponibles. Une dynamique est en cours au sein de la Société française d’imagerie de la femme (Sifem) afin de proposer une terminologie commune et de standardiser les comptes rendus d’imagerie. C’est une vraie avancée dans le cadre de l’amélioration des pratiques, en particulier chirurgicales », souligne le Pr Pierre Collinet (chirurgien gynécologue, Hôpital privé Le Bois, Lille).
Une classification descriptive, mais également pronostique, nommée « dPEI », a récemment été développée (4). « Elle classification permet de mieux définir la cartographie des lésions d’endométriose profonde en fonction du compartiment atteint au sein du pelvis et, pour les chirurgiens, de mieux apprécier le risque de complications per et post-opératoires », explique le spécialiste.
Formation et information
Le parcours de soins des patientes connaît de grandes améliorations : une stratégie nationale a été proposée l’an dernier, avec l’engagement que, dans chaque région, soit identifiée une filière de soin « Endométriose » en activité : elles le sont déjà dans certaines régions comme l’Aquitaine, l’Auvergne-Rhône-Alpes, la Bretagne ou l’Île-de-France. Pour les autres régions, ces filières sont en cours d’élaboration au sein des Agences régionales de santé (ARS). « Fin 2023, toutes les régions devraient être pourvues d’une filière endométriose, avec pour objectifs de réduire les délais diagnostiques et d’améliorer le parcours de soins. L’idée est de définir des centres de prise en charge, de développer des formations spécifiques pour tous les professionnels de santé et de proposer des campagnes d’information auprès du grand public », explique le Pr Collinet.
Dans le cadre de la gradation des soins, une réflexion est actuellement menée au sein de la direction générale de l’offre de soins (DGOS), en partenariat avec le Collège National des Gynécologues Obstétriciens (CNGOF) et la Société de Chirurgie Gynécologique et Pelvienne (SCGP), sur les centres de recours, en particulier sur la question des critères de labellisation.
Thérapeutique et chirurgie
Preuve d’une vraie dynamique de recherche de nouvelles stratégies thérapeutiques dans l’endométriose, de nouveaux médicaments sont en préparation. Le rélugolix (un antagoniste de la GnRH), associé à de l’œstradiol et de la noréthistérone (Ryeqo), fait partie des candidats, mais n’a pas encore d’AMM dans cette indication. Le traitement par ultrasons focalisés de haute intensité (Hifu), par voie endorectale pour les endométrioses profondes fait également l’objet d’investigations et pourrait constituer éventuellement une alternative à la chirurgie pour certaines patientes (5).
D’autres travaux portent sur les thérapies génétiques et l’épigénétique.
Enfin, l’accent est donné sur la préservation de la fertilité : pour les patientes qui n’ont pas de projet de grossesse et qui sont atteintes d’endométriose ovarienne, la recommandation est d’informer, de proposer une préservation de la fertilité (congélation d’ovocytes) et donc de solliciter une équipe d’assistance médicale à la procréation (lire aussi p. 14).
« Il y a enfin la volonté de mettre en place un registre national prospectif pour que chaque patiente traitée pour endométriose puisse y être suivie. L’objectif est d’avoir une meilleure connaissance des différentes pratiques et prises en charge des patientes en France, notamment des différents actes de chirurgie gynécologique », indique le Pr Collinet.
Exergue : Fin 2023, toutes les régions devraient être pourvues de filière endométriose
Entretien avec le Pr Pierre Collinet (Hôpital privé Le Bois, Lille) (1) Fauconnier A et al. Fertil Steril. 2021 Dec;116(6):1580-9 (2) Chapron C et al. E Clinical Medicine. 2022 Jan 10;44:101263 (3) Bendifallah S et al. Sci Rep. Jan 12 2022;12(1):639 (4) Thomassin-Naggara I et al. JAMA Netw Open. 2023 May 1;6(5):e2311686 (5) Philip CA et al. Ultrasound Obstet Gynecol. 2020 Sep;56(3):431-42
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