Une étude française montre l'augmentation significative de l’insuffisance cardiaque chez les moins de 50 ans

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Publié le 07/12/2022
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Crédit photo : PHANIE

L'insuffisance cardiaque d’origine ischémique (liée à une atteinte des artères coronaires) semble affecter progressivement des populations de plus en plus jeunes, démontre une étude menée par la Fédération hospitalo-universitaire Prevent-Heart Failure*, coordonnée par le Pr Jean-Sébastien Hulot et publiée dans la revue « European Heart Journal ».

Les auteurs se sont penchés sur les données du programme de médicalisation des systèmes d’information (PMSI) pour étudier l’incidence de l’insuffisance cardiaque dans la population française en fonction de l’âge, du genre et de l’étiologie primaire. L'objectif : mieux caractériser l’épidémiologie de l’insuffisance cardiaque des jeunes adultes (moins de 50 ans) en France.

Les jeunes hommes de 36 à 50 ans particulièrement touchés

L’équipe de recherche a ainsi analysé les données des 1 486 877 patients hospitalisés pour insuffisance cardiaque entre 2013 et 2018 en France. Parmi ces patients, 70 075 avaient moins de 50 ans, soit 4,7 %.

Durant cette période, l’incidence de l’insuffisance cardiaque en France était en légère baisse dans la population globale (de 3,99 ‰ à 3,65 ‰), mais elle augmentait significativement parmi les 18-50 ans (+0,041 ‰, pour s'élever à 0,44 ‰).

Cela s'explique par une hausse de l'incidence chez les jeunes hommes âgés de 36 à 50 ans, souffrant préférentiellement d’insuffisance cardiaque dite d’origine ischémique (avec une incidence augmentant de 0,51 ‰ à 0,59 ‰ entre 2013 et 2018). Chez les jeunes femmes, l'incidence reste stable (autour de 0,28 ‰), et est deux fois moins élevée que celles des hommes à 50 ans (respectivement 0,80 ‰ versus 1,84 ‰).

De plus, sur la même période, il a été observé un taux élevé de facteurs de risque cardiovasculaires chez ces patients jeunes (diabète, dyslipidémie, hypertension), et une augmentation constante du nombre de patients obèses et fumeurs.

Appel à un renforcement de la prévention

Ce phénomène serait lié à un relâchement de la prévention de ces facteurs de risque, interprètent les auteurs, qui appellent à une meilleure surveillance de la population jeune (dès 36 ans chez les hommes et 40 ans pour les femmes) et à l'instauration de mesures de prévention adaptées, ciblant notamment le tabagisme et l'obésité.

Les enjeux sont d’autant plus importants que ces jeunes patients sont très fréquemment réhospitalisés pour insuffisance cardiaque d’origine ischémique (24 %), dans les deux ans qui suivent leur première hospitalisation. Et que leur taux de mortalité hospitalière est haut (10 %).

*De l’hôpital européen Georges-Pompidou (AP-HP), de l’Inserm et d’Université Paris Cité


Source : lequotidiendumedecin.fr