LE QUOTIDIEN : Pourquoi avoir décidé de créer l’unité cardiologique de jour avec ou sans rendez-vous (Ujasar) ?
DR SIMON ELHADAD : La problématique à laquelle nous étions confrontés était l’accès aux soins cardiologiques pour la population du territoire nord seine-et-marnais, à la suite du départ en retraite de plusieurs confrères exerçant en libéral. Les personnes ayant besoin d’une consultation devaient soit parcourir de longues distances, soit attendre plusieurs mois pour obtenir un rendez-vous, ce qui peut être très problématique, en cas de besoin de bilan préopératoire par exemple. Nous avons donc proposé de créer cette unité et notre projet a été accepté par la direction après la réalisation d’un business plan et d’une projection annuelle d’activité.
Comment fonctionne l’unité ?
Les personnes peuvent se présenter spontanément, à partir de l’âge de 15 ans, et sans orientation médicale préalable, tous les jours entre 9 heures et 17 heures. Deux cardiologues, un junior et un senior, les reçoivent et prescrivent, si besoin, les explorations nécessaires : échocardiographie, prise de sang, scanner, etc. Le junior est aussi là pour opérer un premier tri. En cas d’urgence, une réorientation est effectuée vers le service ad hoc, ou l’unité de soins intensifs cardiologiques. Les patients nécessitant une surveillance médico-infirmière plus longue, en cas de poussée hypertensive très élevée par exemple, peuvent par ailleurs être accueillis dans l’une des deux chambres réservées à l’Ujasar par l’hôpital de jour.
En cas de besoin, le suivi est ensuite assuré par le même médecin hospitalier, ce qui nous permet aujourd’hui de proposer une véritable filière spécialisée.
Ce projet a-t-il nécessité des recrutements ?
Nous avons la chance d’avoir un service bien doté en médecins car la qualité de notre plateau technique attire beaucoup de jeunes cardiologues. Nous n’avons donc recruté qu’une seule infirmière et réorganisé le service pour intégrer le fonctionnement de la nouvelle unité. Celle-ci compte donc à ce jour cinq infirmières, qui interviennent à tour de rôle, et deux cardiologues.
Quel bilan dressez-vous depuis l’ouverture de l’Ujasar ?
L’unité a été ouverte mi-octobre et nous avons constaté une montée en charge progressive, avec aujourd’hui près de 15 patients accueillis chaque jour. Nous pensons qu’à court ou moyen terme, ce chiffre passera à 20. En cas de dépassement, nous devrons bien sûr envisager du renfort médical et paramédical et disposer d’un local supplémentaire. C’est tout à fait faisable.
La hausse de l’activité en cardiologie conduira-t-elle à un nouvel élargissement de l’offre de soins au sein de l’établissement ?
Nous disposons aujourd’hui d’un plateau technique avec quatre salles d’intervention : deux pour la coronarographie, une pour la rythmologie, la dernière étant mutualisée pour l’ensemble des activités. Face à l’augmentation conséquente de notre activité, nous envisageons effectivement d’ouvrir une cinquième salle fin 2026.
La désertification cardiologique libérale explique-t-elle cette hausse d’activité ?
Plusieurs facteurs sont à l’origine de cette croissance. En premier lieu, n’oublions pas que la pathologie cardiaque est fréquente. Ensuite, la population de Seine-et-Marne croît fortement, en lien avec le développement économique du territoire. Enfin, il y a aussi davantage de dépistages avec une prescription plus fréquente et plus structurée de coroscanners chez des patients à haut risque cardiovasculaire. Cet examen est intégré dans les habitudes de prescription des médecins spécialistes, généralistes ou encore urgentistes, ce qui est aussi très positif.
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