COMME L’A RAPPELÉ le Pr Jean-Marc Davy (Montpellier), d’après les résultats de l’essai GISSI-prevenzione, l’administration quotidienne d’une faible dose d’AGPI oméga-3 chez des patients en post-infarctus (moins de trois mois) réduit de 21 % le taux de mortalité toute cause, de 50 % le risque de mort subite, de près de 40 % le risque d’infarctus fatals et de 35 % le risque de décès d’origine cardio-vasculaire. Une analyse post hoc des causes de décès montre que les AGPI n-3 sont surtout efficaces pour prévenir les morts subites d’origine cardiaque. Ces résultats sont concordants avec les données expérimentales et épidémiologiques montrant un effet antiarythmique de ces molécules. Dès 1998, une étude portant sur plus de 20 000 médecins américains et publiée dans le « JAMA » indiquait qu’une consommation élevée d’AGPI n-3 (sous forme de poisson) diminuait le risque de mort subite. En 2003, Dallongeville a mis en évidence une corrélation inverse entre le niveau de consommation d’acide gras oméga 3 et la fréquence cardiaque. En revanche, des essais menés chez les patients porteurs d’un défibrillateur implantable ne retrouvent pas de bénéfice.
Plusieurs cibles d’action.
Dès lors, les mécanismes d’action des effets cardio-vasculaires des AGPI n-3 ont été très étudiés. Et plusieurs cibles d’action ont été identifiées. « Les AGPI n-3 agissent non seulement au niveau des canaux ioniques mais aussi en s’opposant à la fibrose myocardique », a précisé le Dr Stéphane Hatem (Paris). L’effet antiarythmique, antifibrosant et anti-inflammatoire des AGPI n-3 est potentiellement intéressant chez les patients présentant une insuffisance cardiaque, surtout si celle-ci est secondaire à une coronaropathie.
« Sachant que près de la moitié des décès chez les patients atteints d’insuffisance cardiaque sont liés à une mort subite d’origine cardiaque, l’hypothèse d’un bénéfice des AGPI n-3 dans cette population méritait d’être étudiée. Tel était l’objectif de l’essai GISSI-HF (heart failure) » a confirmé le Pr Alain Cohen Solal (Paris).
GISSI HF est une étude prospective, multicentrique, randomisée, menée chez des patients ayant une insuffisance cardiaque (classe II à IV de NYHA) et traités selon les recommandations. Les patients étaient randomisés deux fois : la première randomisation répartissait les patients en deux groupes - AGPI n-3 1 g/jour ou placebo ; la deuxième répartissait les patients relevant d’un traitement par statine en deux groupes - rosuvastatine ou placebo. Les critères d’évaluation étaient le délai avant décès et le délai avant décès ou avant hospitalisation pour une raison cardiovasculaire. L’essai a inclus 6 975 patients et a duré 3,9 ans. « Les auteurs de ce travail espéraient une réduction d’au moins 15 % du risque relatif, mais le bénéfice de la prise quotidienne de 1 g d’AGPI n-3, bien que significatif, a été de moindre importance, de l’ordre de 9 % (p = 0,041) pour la réduction du RR de décès et de 8 % (p = 0,009) pour la réduction du RR de décès ou d’hospitalisation », a indiqué le Pr Alain Cohen Solal. Toutefois, l’analyse per-protocole menée chez environ 5 000 patients, retrouvait une réduction du risque relatif de 14 % (p = 0,004), qui confirme le bénéfice des AGPI n-3 dans cette population d’insuffisants cardiaques tout venant traités selon les recommandations. Ce qui n’est pas négligeable pour un traitement parfaitement toléré et peu coûteux.
Rappelons qu’actuellement, les AGPI n-3 (en capsule de 1 g) sont indiqués dans le post-infarctus (associés aux autres traitements recommandés) et dans les hypertriglycéridémies ; l’insuffisance cardiaque n’étant pas inscrite dans l’AMM.
Symposium organisé par les Laboratoires Pierre Fabre aux 21es Journées européennes de la Société française de cardiologie, à Paris.
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?