Si les différences entre les sexes dans les maladies cardiaques sont désormais connues et comprises, ce n’est pas encore le cas dans les maladies vasculaires périphériques (MVP). Les disparités sont pourtant nombreuses en termes de facteurs de risque, de symptômes, de dépistage, de traitement et de résultats et conduisent à un sous-diagnostic et un sous-traitement des femmes.
« Les maladies vasculaires périphériques sont souvent sous-estimées et peu étudiées chez les femmes », résume la Pr Esther Kim, qui a présidé un groupe de travail de l’American Heart Association sur le sujet. Dans une « déclaration scientifique » publiée dans Circulation, ce groupe liste pathologie par pathologie les disparités observées et invite à amplifier les recherches pour « améliorer la qualité de vie et de prolonger la vie des femmes » concernées.
Des différences aussi entre blanches et noires
La maladie artérielle périphérique, forme la plus courante de MVP, touche de manière similaire les hommes et les femmes, avec une incidence aux États-Unis de 13,8 % chez les premiers et de 11,4 % chez les secondes, mais les femmes noires ont un risque plus élevé de développer la pathologie au cours de leur vie que les blanches (27,6 % contre 19 %). Dans l’ensemble, comparées aux hommes, les femmes présentent plus souvent des signes atypiques, voire aucun symptôme. Leur déclin fonctionnel est plus important : elles ont tendance à marcher plus lentement et sur des distances plus courtes. Les femmes, en particulier les femmes noires, reçoivent moins souvent que les hommes un traitement recommandé et participent moins à des programmes d’activité physique adaptée.
Les disparités s’expriment également dans les maladies aortiques. L’aortopathie est ainsi diagnostiquée plus tardivement et à un stade plus avancé chez les femmes. Et si l’incidence de certaines maladies aortiques comme les anévrismes est plus faible chez les femmes en raison de l’effet protecteur des œstrogènes, elles connaissent proportionnellement plus de complications graves. Dans un essai britannique, un anévrisme de même taille provoquait trois fois plus de risque de rupture chez les femmes et elles présentaient plus de ruptures avec des anévrismes plus petits (30 % des ruptures d’anévrisme, contre 8 % chez les hommes). Les femmes sont par ailleurs confrontées à des taux de mortalité et à un risque d’accident vasculaire cérébral (AVC) accrus après les traitements chirurgicaux. Dans les syndromes aortiques aigus (dissection, hématome intramural ou ulcère aortique pénétrant), la mortalité à l’hôpital est ainsi de 30 % pour les femmes contre 21 % chez les hommes.
Parmi les autres différences détaillées : la dysplasie fibromusculaire est 5 à 9 fois plus fréquente chez les femmes, tandis que les anévrismes de l'artère poplitée surviennent environ 20 fois plus souvent chez les hommes. Les femmes ont par ailleurs des facteurs spécifiques pour l’AVC (prééclampsie, âge avancé à la ménopause et utilisation d'œstrogènes), mais les hommes subissent plus souvent des hémorragies intraplaques, ce qui peut augmenter le risque d'AVC.
Dans les maladies athéroscléreuses des artères rénales et mésentériques, malgré des recherches limitées, les données suggèrent un risque trois plus élevé d’ischémie mésentérique chronique chez les femmes. Les adultes noirs atteints de sténose de l’artère rénale présentent par ailleurs des taux plus élevés d’hypertension artérielle sévère ou résistante.
Les femmes sont aussi plus exposées au risque de vascularite, telle que l’artérite de Takayasu (5 fois plus fréquente chez elles) et l’artérite à cellules géantes (2 à 3 fois plus fréquente). Pour la Takayasu, le taux de mortalité était deux fois plus élevé. Et après un traitement à base de prednisone dans l’artérite à cellules géantes, les femmes sont plus souvent confrontées à des complications.
Un appel en faveur de prises en charge spécifiques
« Les disparités identifiées (…) soulignent l’importance de stratégies de prévention et de traitement adaptées », commente la Pr Kim. Le groupe de travail qu’elle a présidé préconise d’amplifier l’effort de recherche sur ces disparités et encourage l’inclusion de plus de femmes dans les essais, l’analyse des données selon le sexe et la définition de prises en charge spécifiques pour les femmes. En parallèle, les cliniciens doivent être formés aux différences selon le sexe, et les recommandations de dépistage doivent être adaptées aux spécificités.
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