LE QUOTIDIEN : Quelles étaient les conclusions des experts de l’American Heart Association sur les bienfaits de la méditation ?
Pr ATUL PATHAK : En se basant sur une analyse de la littérature, le groupe d’experts a conclu à un bienfait potentiel de la méditation sur le risque cardiovasculaire, bien que la qualité globale des études soit modeste. Ce document rappelle que les interventions guidées par les recommandations sont le pilier de la prévention primaire et secondaire, et que la méditation peut être considérée comme un complément et non une alternative aux modalités de prise en charge recommandées. Les résultats des études sont en effet décevants si l’on prend des critères objectifs, comme les valeurs tensionnelles ou les signes d’ischémie. Et si l’American Heart Association préconise de faire des essais, si possible randomisés en aveugle, il est très difficile en pratique de standardiser les protocoles d’étude, notamment parce qu’il existe de nombreux types de méditation et que les méditants ne cherchent pas forcément à démontrer les bénéfices cardiovasculaires de leur pratique.
Qu’entend-on par méditation ?
Il s’agit de techniques mentales, guidées ou non, inspirées par des philosophies multiples, qui visent à augmenter la perception du moment présent, à aider les personnes à prendre conscience de leur corps, en se concentrant sur différents objets méditatifs. Il ne s’agit ni de relaxation ni d’hypnose, c’est un exercice intellectuel difficile qui demande un effort, puisqu’il faut en permanence ramener l’esprit, qui va et vient d’une pensée à une autre, vers l’objet d’attention. Il existe plusieurs types de méditation, certaines faisant porter l’attention sur un objet comme la respiration ou la répétition de mots, d’autres se basant sur le ressenti du moment présent, qu’il s’agisse de pensées, d’émotions ou de sensations physiques, comme c’est le cas dans la méditation de pleine conscience, ou mindfullness. Cette dernière est issue du bouddhisme, mais une forme entièrement laïque plus adaptée à la culture occidentale s’est développée depuis une quarantaine d’années, avec notamment un programme codifié de réduction du stress, le MBSR (mindfulness-based stress reduction).
Quels sont ses effets reconnus ?
Les techniques de neuro-imagerie fonctionnelle ont montré que ces pratiques modulent l’activité de certaines zones cérébrales, en particulier celles impliquées dans l’attention et les émotions, et favorisent les interconnexions, ce qui joue sur la plasticité cérébrale. Cliniquement, cela se traduit par un impact positif sur la mémorisation, la concentration, la thymorégulation, avec un effet sur le système nerveux autonome de type plutôt sympathico-inhibiteur. D’où l’intérêt porté aux effets potentiels de la méditation sur la sphère cardiovasculaire.
En pratique, faut-il recommander la méditation ?
La méditation fait partie de toutes les cultures et de toutes les croyances, elle est pratiquée depuis 7 000 ans. Certes, les études, aux résultats hétérogènes, ne retrouvent que des effets cardiovasculaires nuls ou modestes, mais peut-être faut-il accepter que nous n’ayons pas aujourd’hui les moyens de faire une démonstration scientifique de ses bénéfices. Ainsi, il paraît licite d’encourager les patients tentés par ces techniques, de faible coût et sans effet secondaires, bien sûr en complément de leur traitement habituel.
(1) Levine GN et al. J Am Heart Assoc. 2017 Sep 28;6(10)
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