« L'incidence croissante de l’infarctus du myocarde (IDM) chez les sujets jeunes, âgés de moins de 45 ans, doit requérir toute notre attention, en raison des conséquences cliniques d’un diagnostic et d’un traitement incorrects ou retardés, souligne une étude menée par le cardiologue Chayakrit Krittanawong du NYU Langone Health. Il est crucial que les cliniciens prennent conscience de l’impact des causes non athérosclérotiques de l'IDM pour qu'un diagnostic précoce puisse être fait et que des thérapies ciblées puissent être proposées. À ce jour, on ne recense malheureusement aucune initiative de qualité pour pallier les carences de soins prodigués à ces jeunes patients. »
L’enjeu est d’autant plus fort que la proportion de patients jeunes victimes d'IDM augmente au fil des ans, signale l’étude publiée dans le Journal of the American Heart Association*.
Athérosclérose prématurée dans 90 % des cas
Chez les patients âgés, l'infarctus du myocarde fait en général suite à une athérosclérose. En revanche, chez les patients plus jeunes, il peut être, ou non, d’origine athérosclérotique. Plus précisément, l'athérosclérose prématurée avec rupture ou érosion de la plaque d’athérome est à l’origine de 90 % des IDM chez les jeunes adultes.
Mais pour les 10 % de cas restants, l’origine est à chercher du côté de la dissection spontanée de l'artère coronaire, de l’angiospasme coronarien, de l'hypercoagulabilité, des phénomènes d'embolie coronarienne, des maladies inflammatoires auto-immunes et des occlusions induites par des médicaments. À noter que ces jeunes patients victimes d’IDM ont aussi plus souvent des antécédents familiaux importants de coronaropathie prématurée. Et il existe bien entendu des facteurs de risque génétiques et attribués au mode de vie.
Facteurs de risque traditionnels et non traditionnels
Les recherches actuelles montrent que les jeunes patients courent un risque d'athérosclérose prématurée en raison de facteurs de risque traditionnels de maladie coronarienne, tels que le tabagisme, le diabète, l’hypertension artérielle et l’hyperlipidémie. Plusieurs études ont ainsi relevé des taux de tabagisme plus élevés chez ces patients jeunes atteints de coronaropathie. La cigarette électronique, utilisée plus couramment chez les patients jeunes, conduirait aussi à la formation de plaques d’athérome et serait, de ce fait, associée à un risque accru d'IDM.
Chez les populations plus jeunes, l’IDM avec athérosclérose a, toutefois, été plus fréquemment corrélé à des facteurs non traditionnels de risque cardiovasculaire. Ces facteurs couvrent une gamme de maladies auto-immunes, inflammatoires, génétiques et acquises comme le VIH, le lupus érythémateux disséminé, les maladies inflammatoires de l'intestin, la polyarthrite rhumatoïde, le psoriasis, l'homocystinurie, le syndrome des ovaires polykystiques ou encore l'apnée obstructive du sommeil.
IDM sans athérosclérose
Parmi les causes d’IDM sans athérosclérose figure l’angiospasme coronarien. Bien que l’on ne connaisse pas sa prévalence, il affecte principalement les patients jeunes. Malgré un traitement adéquat, ce syndrome peut récidiver chez 4 à 19 % des patients. L’arrêt du tabac en améliore le pronostic.
Autre origine de l’IDM sans athérosclérose : la dissection spontanée de l'artère coronaire, cause rare du syndrome coronarien aigu, plus fréquente chez les jeunes femmes. Des études estiment que son incidence pourrait représenter 1 à 4 % de tous les cas d'IDM.
La vascularite coronarienne, cause non athérosclérotique rare d'IDM chez les jeunes adultes, peut aussi mettre la vie en danger. Survenant généralement dans un contexte de maladie auto-immune sous-jacente, il est nécessaire d’évaluer la présence d’une vascularite extracardiaque, d’une éruption cutanée inhabituelle ou d’autres signes évocateurs de maladies auto-immunes.
L’abus de drogues illicites – cocaïne, amphétamines, MDMA, ecstasy, etc. – est un autre facteur de risque important d’IDM sans athérosclérose chez les jeunes adultes.
Pour ce qui concerne l’hypercoagulabilité, plusieurs troubles, parmi lesquels le syndrome des antiphospholipides et le syndrome néphrotique, ont été identifiés comme étant associés à l'IDM chez les jeunes adultes. Le syndrome des antiphospholipides augmente le risque d'IDM en prédisposant les patients à la fois à la thrombose coronarienne et au développement rapide de l'athérosclérose. Quant au syndrome néphrotique, il fait référence à un groupe d’affections dans lesquelles une perméabilité glomérulaire pathologiquement accrue entraîne une protéinurie significative.
En cas d'IDM provoqué par une embolie coronarienne, une matière embolique – telle qu’un caillot, du matériel valvulaire, une tumeur ou du matériel infectieux – se déplace et obstrue une artère coronaire. Son incidence chez les jeunes adultes est encore inconnue mais serait plus élevée que prévu.
*C. Krittanawong et al, JAHA, sept 2023. doi.org/10.1161/JAHA.123.029971
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